“Mediapart” a révélé lundi 8 avril un potentiel conflit d’intérêt dans l’enquête sur l’origine des blessures de la militante d’Attac, Geneviève Legay.
Depuis samedi 23 mars, son nom revient régulièrement dans les médias. Geneviève Legay, 73 ans et militante d’Attac, avait été heurtée, ce jour-là, par une charge de policiers à Nice lors d’une manifestation de “Gilets jaunes” non autorisée. Le dernier rebondissement en date a été révélé par Mediapart lundi 8 avril : la commissaire chargée des investigations sur les causes possibles des blessures de la manifestante est la compagne du policier chargé des opérations pendant la manifestation.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Le procureur de Nice ne voit pas “en quoi cela pose problème”
Le procureur de la République de Nice, qui a diligenté l’enquête, a confirmé être au courant des relations qu’entretenaient les policiers, Hélène P. et Rabah Souchi, mais affirme à Mediapart ne pas voir “en quoi cela pose problème”. Il ajoute : “Effectivement, les investigations doivent déterminer d’où viennent ces blessures, éventuellement commises par des hommes sous le commandement du commissaire. Mais au moment de son ouverture, il n’y a aucune preuve évidente que ce soit un policier. Il faut réunir les éléments de preuve matériels.” Il avait attendu une semaine avant de reconnaître que les blessures de Geneviève Legay “résult[aient] de l’action d’un fonctionnaire de police dont il convient d’apprécier maintenant le caractère volontaire ou involontaire”.
Dans une interview au même média, la militante assure que, dès le lendemain des faits alors qu’elle était toujours hospitalisée, des policiers sont venus l’interroger à plusieurs reprises. “Ils ont surtout insisté pour me faire dire que c’était un journaliste qui m’avait poussée. Or c’est faux. Je me rappelle avoir été poussée par un policier et je le leur ai dit. Mais ils insistaient sur le journaliste”, précise Geneviève Legay.
Lors des auditions de policiers ayant participé à la charge, débutées le 25 mars, le nom du commissaire Souchi reviendrait régulièrement, souligne le site d’information. Chargé des opérations, il aurait lancé la charge qui a blessé la manifestante. Une action qui “pose problème” et aurait été “disproportionnée compte tenu de la situation”.
Pourquoi charger avec une telle brutalité une militante non violente ?@CCastaner @prefet06
Voici les images de la charge policière.
Cc @davdufhttps://t.co/WTpjeLPmss
— Raphael Pradeau (@raphpradeau) March 23, 2019
Un coup de matraque a-t-il été porté ?
L’enquête porterait également des incohérences. Geneviève Legay affirme s’être pris un coup de matraque à la tête en plus de la chute, et ses fractures montrent “deux points d’impact opposés, l’un en haut de la tête, à gauche, et l’autre en bas à droite”. Mais aucune audition n’aurait soulevé la question.
L’information judiciaire ouverte le 29 mars devra éclairer les circonstances des blessures de Geneviève Legay et, selon Mediapart, l’enquête de police pourrait être confiée à un autre service.
{"type":"Banniere-Basse"}