L’émission va être programmée à un moment moins favorable, alors que sa notoriété grandit et que ses sujets gagnent en ampleur.
Le seul hebdo du PAF sur la contre-culture – si cette expression a encore un sens – filerait-il un mauvais coton ? En tout cas, dans quelques mois il va être retrimballé du vendredi au jeudi et être repoussé plus tard dans la nuit. Actuellement, Tracks est diffusé entre 23 h 30 et minuit. En 2010, il passera… à minuit et demie. “J’espère qu’il ne faut pas y voir un mauvais signe”, déclare, mi-figue mi-raisin, le corédacteur en chef David Combe. “One Shot Not ne marche pas pour le moment. Bizarrement, on la passe avant nous en espérant qu’elle marchera mieux. Nous, on marche bien, mais finalement on nous programme plus tard. Sur le site d’Arte, on est leader. Notre émission gagne en notoriété. Mine de rien, on arrive à faire un spécial Terry Gilliam, on vient de faire Gilbert & George, Prince, et on va prochainement programmer une spéciale Iggy Pop. On a parlé de Cronenberg, de Lynch, de Maddin… On commence à avoir accès à des artistes d’envergure internationale, alors qu’au départ on ne nous faisait pas tout à fait confiance.”
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Si Tracks n’est pas une institution, c’est un repère, un phare lumineux dans la nuit franco-allemande. “Avec le temps, l’émission s’est imposée. Ce qui pouvait paraître bizarre à une époque, ou extrême et étrange, ne l’est plus. Arte a compris qu’on ne traitait pas des sujets simplement parce qu’ils étaient choquants, mais parce qu’il y avait quelque chose en eux qui permettait de comprendre un petit peu notre monde et qui risquait de l’influencer. C’est le cas de tous les grands artistes. Là, on va tourner un sujet sur Chris Burden. Je pense qu’il n’y avait pas beaucoup de monde à la performance où il s’est fait tirer une balle dans le bras (en 1971). Il a ouvert la porte au body-art et est devenu l’un des plus grands artistes contemporains.”
Le paradoxe de cette émission qui gagne en notoriété et parvient à proposer des sujets de plus en plus fédérateurs, reste donc sa case ghetto. Mais Jean- Marc Barbieux et David Combe, les rédacteurs en chef, en ont vu d’autres, et continuent à peaufiner leurs nouvelles rubriques, comme la récente “Psycho-Vinyl” : “On s’est dit qu’il fallait trouver une manière plus astucieuse d’exciter la curiosité des gens à propos du “Live”, une séquence à laquelle on tient vraiment mais qui n’est pas facile, parce qu’on parle souvent d’artistes qui ne sont pas encore connus. Alors on a inventé une sorte de petit test où les artistes doivent raconter trois moments de leur vie à l’aide de trois vinyles…”
Pour David Combe, si les téléspectateurs ne sont jamais contents de l’émission, c’est plutôt bon signe : “Ça veut dire qu’ils n’ont pas leur dose. Et on ne la leur donnera pas, parce que de toute façon, pour nous, le principe c’est de naviguer entre toutes les chapelles musicales et toutes les expériences. L’un des intérêts de l’émission est d’amener les gens à découvrir des choses qu’ils ne sont pas amenés à découvrir dans la vraie vie.” Pour Combe, Tracks est carrément le “Thalassa culturel”. On est bien loin de l’avant-garde dans laquelle on classe encore l’émission. Reste pour la chaîne Arte à prendre acte de la renommée grandissante de cette émission qui a passé le cap des dix ans et à lui offrir une vraie visibilité…
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