Dans un court texte paru dans “Libération”, l’auteure Leïla Slimani répond à la tribune publiée dans “Le Monde”, revendiquant une “liberté d’importuner”. Avec justesse et mesure;.
« Liberté d’importuner« . La formule a fait grincer des dents, depuis son utilisation dans une tribune parue dans Le Monde mardi 9 janvier, intitulée « Nous défendons une liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle« , co-signée par une centaine de femmes, dont l’actrice Catherine Deneuve, ou l’auteure et critique d’art Catherine Millet.
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Chez Leïla Slimani, auteure de Chanson douce, Prix Goncourt 2016, c’est la plume qui a grincé. « Un porc, tu nais ?« , écrit-elle ce matin dans Libération. Une réponse à ce qu’elle considère comme « une vision terriblement déterministe du masculin » :
« Mon fils sera, je l’espère, un homme libre. Libre, non pas d’importuner, mais libre de se définir autrement que comme un prédateur habité par des pulsions incontrôlables. »
Tirs croisés
Depuis sa parution, mardi 9 janvier, la tribune des 100 femmes a provoqué un tollé médiatique. Dans des réponses, parues sur France Info ou dans Médiapart, de nombreuses militantes se sont alarmées de ces propos, et ont perçu derrière cette volonté de défendre « la drague insistante ou maladroite » une “délégitimation de la lutte contre le harcèlement”.
Connue pour son engagement féministe, l’auteure franco-marocaine vient à son tour apporter la contradiction. Dans un texte court, ciselé, en forme d’énumération, elle évoque tous ces « moments de la vie, quotidiens et banals« , au court desquels une femme devrait jouir d’un « droit à ne pas être importunée » justement.
Elle conteste aussi l’idée d’une « victimisation » des femmes victimes de violences, et celle d’une montée du « puritanisme« . Et en appelle à un droit « à la liberté et au respect » :
« Je revendique mon droit à la tranquillité, à la solitude, le droit de m’avancer sans avoir peur. Je ne veux pas seulement d’une liberté intérieure. Je veux la liberté de vivre dehors, à l’air libre, dans un monde qui est aussi un peu à moi.«
Reste à savoir si cette « chanson douce » suffira à apaiser les esprits.
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