Comme on s’y attendait, la CDU d’Angela Merkel est sortie vainqueur des élections législatives allemandes du 24 septembre, mais ce succès est terni par son score, le plus mauvais depuis 1949 (33 %), et surtout par le résultat inattendu de l’AfD (Alternative pour l’Allemagne). Avec ses 13 % de voix, le petit parti d’extrême droite […]
La réélection du parti d’Angela Merkel, beaucoup plus difficile prévu, lui imposera d’en passer par une alliance difficile avec les Verts et les libéraux. Mais c’est surtout l’arrivée de l’extrême droite au Bundestag qui représente un séisme pour le pays. « Une victoire cauchemardesque », selon la presse allemande.
Comme on s’y attendait, la CDU d’Angela Merkel est sortie vainqueur des élections législatives allemandes du 24 septembre, mais ce succès est terni par son score, le plus mauvais depuis 1949 (33 %), et surtout par le résultat inattendu de l’AfD (Alternative pour l’Allemagne). Avec ses 13 % de voix, le petit parti d’extrême droite a réussi une percée historique au Bundestag. Quant au SPD des sociaux-démocrates, dirigé par Martin Schulz, il réalise avec 20,5 % son plus mauvais résultat depuis la guerre.
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Résultats définitifs des élections en #Allemagne .
Énorme percée de l'AFD qui fait 13.2% devenant ainsi le 3ème parti allemand ! pic.twitter.com/7Z1Dk0fiMh— Pierre Gentillet (@Pierre_GTIL) September 24, 2017
« Une victoire cauchemardesque »
Ces élections dévoilent un visage tout à fait inédit pour l’Allemagne et reflètent une réalité inquiétante pour un pays dont la santé économique florissante est présentée comme un modèle pour l’Europe et le monde. « Une victoire cauchemardesque », résume le quotidien Bild. Triste nouvelle : des prouesses industrielles et un chômage au ras des paquerettes n’ont pas empêché, après le Brexit et Trump, une nouvelle poussée de populisme largement portée par la xénophobie.
Un populisme qu’incarne donc ce tout nouveau parti, l’AfD, qui réveille des spectres inquiétants pour un pays marqué par les désastres de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah. Ce passé trouble semblait rendre impossible l’arrivée de l’extrême droite dans le jeu politique. “L’AfD au Bundestag ?, écrivions-nous il y a peu. Lors des dernières élections législatives allemandes, en 2013, personne n’y croyait vraiment.” Cette fois, avec plus de 90 députés, on y est.
Xénophobe, islamophobe, l’AfD qui surfe largement sur l’angoisse qu’a provoquée l’accueil par Merkel de près d’un million de réfugiés majoritairement musulmans a multiplié les provocations qui ont amené le ministre des Affaires étrangères lui-même à le qualifier de “nazi”. Pour preuve, Alexander Gauland, un des chefs de file a appelé à être fier des actions des soldats allemands durant la Deuxième Guerre mondiale. Des dérives inquiétantes au point qu’une des figure de proue du parti, Frauke Petry, a annoncé son départ.
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La “Jamaïque”, fragile alliance
Vu son faible nombre de voix, Angela Merkel va devoir maintenant former une coalition pour pouvoir gouverner. Le SPD de Martin Schultz ayant choisi de rejoindre l’opposition, elle va tenter de faire alliance avec les libéraux du FDP de retour au Bundestag avec 10,7 %, et les Verts, qui ont atteint 8,9 %.
Une alliance disparate surnommée “Jamaïque” – en référence aux couleurs noir-jaune-vert des trois partis – qui a vu le jour au printemps dans le petit Etat nordique du Schleswig-Holstein. On imagine combien cette coalition sera difficile à mettre sur pied et à maintenir, tant ces deux mouvements ont des objectifs divergents.
Les libéraux s’opposent aux Verts sur de nombreux dossiers comme l’abandon du charbon et les critiques contre le tout-voiture et le scandale du diesel. La montée en puissance des libéraux est aussi une mauvaise nouvelle pour Macron, et sa volonté de relancer le projet européen, avec Parlement, un budget et un super-ministre des finances pour l’eurozone.
Le chef des libéraux, Christian Lindner, qui se verrait bien en ministre de l’Economie est opposé à ces innovations dans lesquelles il voit un affaiblissement de l’Allemagne. Dès dimanche soir il a affirmé qu’il n’était pas question d’envisager un budget commun pour l’eurozone: “60 milliards d’euros directement pour la France et l’Italie ? C’est inconcevable.”
La marée populiste planétaire, contre laquelle l’élection de Macron semblait avoir créé un timide barrage, vient-elle de reprendre son travail de sape de l’autre côté du Rhin ? A quand la prochaine vague ?
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