L’Effet papillon, l’émission de reportages de Canal+, a 10 ans. Présentée par Victor Robert puis par Daphné Roulier, témoignant d’une curiosité inextinguible, elle demeure un pilier de la grille de la chaîne.
Sur les images, un jeune sénateur moderne et ambitieux de l’Illinois, encore inconnu en Europe, commence à faire parler de lui aux Etats-Unis. Nous sommes en 2006, cet homme s’appelle Barack Obama. C’est son premier portrait diffusé en France, et l’émission qui le dresse s’appelle L’Effet papillon.
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Théorisé par Edward Lorenz en 1972, le “butterfly effect” soulève la question suivante : “Le battement d’ailes d’un papillon au Brésil peut-il provoquer une tornade au Texas ?” Dans un style irrévérencieux, transgressif, et avec une pointe d’insolence, l’émission tente de mettre en lumière l’effet de ricochet qui existe sur la planète : comment, dans un pays, un phénomène peut avoir un impact sur une autre partie du monde. “Les faits ont des effets”, résume son slogan.
Donner un coup de fouet à l’actualité internationale
En 2006, Canal+ offre à Victor Robert (aujourd’hui présentateur du Grand Journal) trente minutes d’antenne tous les dimanches et lui donne carte blanche. Le journaliste fait le pari de donner un coup de fouet à l’actualité internationale en créant une émission de reportages uniquement dédiée à l’étranger.
“A l’époque, personne ne pensait que cela allait intéresser les gens”, se souvient-il. S’appuyant sur un réseau incroyable de correspondants de l’agence Capa, L’Effet papillon part chaque semaine à la rencontre de personnages aux parcours atypiques et alterne entre enquêtes, séries de reportages et rubriques (le Dictature Tour, le Bling Bling Tour ou encore le Chiffroscope).
“Tout ce qui nous étonne, nous émeut ou nous met en colère est un bon point de départ pour un reportage”, explique Daphné Roulier, animatrice depuis 2009. Le tout sur un ton singulier, décalé, voire parfois presque amusé. Ici, vous ne trouverez pas d’enquête sur la déforestation en Amazonie ou le travail des enfants en Asie, mais plutôt l’histoire des love dolls, ces poupées japonaises en silicone, ou celle des ghetto kids en Ouganda, ces enfants des rues devenus stars.
Sa force ? Son côté précurseur, sans doute. “Ce serait très prétentieux de dire que l’on devance les dépêches AFP, mais on essaie en tout cas de les anticiper et de ne pas les suivre”, indique la journaliste, avant d’ajouter : “On est un peu les chiens truffiers de l’info.” Le “Papillon” sera le premier à aborder la question du taser aux Etats-Unis, à partir à la rencontre de ces ados pakistanais radicalisés, ou encore à suivre le combat des Sioux des plaines du Dakota contre la construction d’un pipeline sur leur réserve.
“Alors que les réseaux sociaux remplacent peu à peu les médias traditionnels et que la postvérité concurrence l’info, l’important est d’aller voir sur place, avec de vrais journalistes, ce qu’il se passe vraiment”, assène Daphné Roulier. C’est finalement à la rentrée 2016, dix ans après son lancement, que l’émission, véritable empreinte de la patte Canal, passe à un rendez-vous d’une heure par semaine et laisse place à davantage de sujets, parfois rallongés.
L’amour semble en tout cas donner des ailes à L’Effet papillon puisque, pour la Saint-Valentin, l’émission décryptera les nouveaux codes amoureux des quatre coins de la planète. L’occasion de rencontrer Daphné, cette prostituée brésilienne naine et avocate, ou de découvrir le phénomène de ces jeunes hommes otaku qui font l’amour avec des coussins à l’effigie de leurs héroïnes de manga préférées. Fanny Marlier
L’Effet papillon tous les lundis à 22 h 35, rediffusion le dimanche à 12 h 45 et 13 h 10 en clair, Canal+
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