C’est parti pour un mois de foot planétaire. Grande fête internationale ou opium des peuples, le débat reste ouvert. On voudrait en profiter pour saluer le sélectionneur national le plus détesté de l’histoire à l’heure de son ultime tour de piste.
C’est parti pour un mois de foot planétaire. Grande fête internationale ou opium des peuples, le débat reste ouvert. On voudrait en profiter pour saluer le sélectionneur national le plus détesté de l’histoire à l’heure de son ultime tour de piste.
Bien que Raymond Domenech ait battu des records de longévité à la tête de l’équipe de France, avec trois qualifications consécutives et une finale de Coupe du monde sur son CV, on doute de sa crédibilité de technicien.
Chacun sait que le parcours des Bleus en 2006 était l’œuvre des tauliers Zidane, Thuram et Vieira, et tous les observateurs sont encore marqués par le calamiteux Euro 2008. Ajoutez une qualif 2010 arrachée à la main, des matchs préparatoires s’enchaînant comme des purges, et tout indique qu’il y a matière à se réjouir de la retraite de Domenech.
Et pourtant, sans aller jusqu’à “kiffer Raymond” comme Catherine Ringer, on ne parvient pas à céder à “l’anti-domenechisme” primaire, nouveau sport national. Plusieurs raisons à cela.
D’abord, le penchant à préférer l’homme seul face à la foule conspuante. Ensuite, cette idée toute simple: si les Français jouent mal, c’est avant tout la faute des joueurs. N’oublions pas non plus Aimé Jacquet : honni par tous avant le Mondial 98, adulé par tous après.
Là où Domenech ne ressemble pas à Mémé, c’est dans la communication, le sens de l’humour, le maniement de l’ironie. Après Jacquet, Lemerre, Santini, quel plaisir de voir un sélectionneur qui sait aligner plus de trois phrases, assaisonner son discours de feintes, rebonds malicieux ou autres savoureux coups de pieds en touche.
Dans un milieu habitué à la langue de bois technico-tactique, Domenech a apporté un peu de théâtre versant stand-up comic, une rhétorique tout en entrechats sibyllins et jeux de langage qui ont fait imploser les codes traditionnels de la com sportive, dérangeant les atavismes des professionnels de la profession.
Et puis quel panache dans la tourmente ! Le pays a beau réclamer bruyamment sa tête, jamais Domenech ne se plaint ou ne s’énerve, gardant son calme, sa courtoisie, son ironie en toutes circonstances (seul bug en six ans, l’affaire de la demande en mariage).
En attendant, on espérera une finale Espagne-Cameroun ou Argentine-Côte d’Ivoire. A moins que les Bleus ne finissent par se réveiller comme au second tour 2006, le foot est si imprévisible ! Voir Raymond brandir la Coupe du monde serait le plus beau bras d’honneur punko-footballistique depuis un certain coup de boule.