En deux interviews estivales au Point et à Valeurs actuelles, l’ancien chef l’Etat démontre combien il est devenu un communicant d’un autre âge
L’été, il ne chôme pas, Nicolas Sarkozy. Surtout à quelques jours de l’officialisation de sa candidature à la primaire républicaine pour la présidentielle de 2017 (elle devrait intervenir aux alentours du 25 août, on a tellement hâte).
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Le mari de Carla Bruni a donc donné deux interviews coup sur coup en quelques jours, deux interviews qui nous rappellent à quel point, en plus d’être un communicant d’un autre âge (repenser à son livre minable La France pour la vie sorti en début d’année), Nicolas Sarkozy est un homme pathétique et vieillissant.
Ça commence par un entretien fleuve accordé au Point, où il a choisi de se montrer sous un jour disons “littéraire”. Aux journalistes de l’hebdomadaire de droite, dans une chemise ouverte de bonne qualité mais à moitié repassée (certainement froissée par des heures de lecture sur un canapé club), il ouvre la porte en pinçant étrangement entre ses doigts l’un de ses ouvrages pourtant “préférés”, Pierre et Jean de Maupassant. D’emblée, il rassure, “mes fils n’ont pas été nommés d’après ce livre” (l’affirmation eut été beaucoup plus savoureuse si l’ex-Président s’était présenté aux journalistes en tenant Bouvard et Pécuchet, mais bon).
Ce moment où Nicolas Sarkozy sent la République suffoquer
Il pitche le livre, puis c’est la déferlante. “Les écrivains sont des médecins de l’âme”, lance-t-il entre autres clichés, et bim référence à Balzac, Eugénie Grandet et Le Curé de village, dont les actions respectives se déroulent à Saumur et Limoges. Il revient sur Maupassant, La Maison Tellier (que le pauvre jeune qui a retranscrit l’interview sur le site NS – La France pour la vie n’a pas manqué d’appeler La Maison Teiller, on a la jeunesse qu’on mérite) qui se déroule à Dieppe. “Ainsi, tout d’un coup, Saumur, Limoges, Dieppe deviennent des lieux insensés d’aventures extraordinaires”, confie Nicolas Sarkozy.
Ne pas oublier Barbey d’Aurevilly et L’Ensorcelée, la Normandie cette fois, et ce name-dropping qui se poursuit pour situer le précandidat dans ce qui sera le terreau de sa campagne à venir, la France éternelle, celle qui justement, n’existe plus que dans les romans. Quelques jours plus tard, dans la maison de sa femme au cap Nègre, il reçoit Valeurs actuelles (un hebdomadaire de droite extrême cette fois) pour enfoncer le clou.
“Je sens la République qui suffoque”, dit-il, avant d’évoquer la guerre qu’il faut mener contre un ennemi dont il ne citera jamais le nom (c’est dommage, tiens) mais qu’il faut notamment combattre en interdisant le voile en entreprise et les menus de substitution dans les cantines scolaires, sans oublier de modifier substantiellement le droit du sol.
Bref, on radote et on se rapproche bien plus d’une autre œuvre de Barbey d’Aurevilly – que Sarkozy n’a probablement pas lue – qui raconte en substance l’histoire d’une femme refusant de voir le sujet de son amour tomber dans les bras d’une autre (vous la voyez la métaphore, smiley clin d’œil). Le titre : Une vieille maîtresse.
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