Un boxeur et une icône, une classe folle et un style, Mohamed Ali a été de tous les combats du siècle et restera à jamais le plus grand.
The Greatest, le plus grand. Cassius Clay, devenu Mohamed Ali, est mort le 3 juin à l’âge de 74 ans. Jamais aucun sportif n’a marqué et ne marquera autant son époque que lui. Mohamed Ali nous manquera à jamais, pour plusieurs raisons. Parce qu’il est la boxe évidemment : des combats inoubliables, un style inédit, une classe folle ; il est beau comme un dieu, dans tous les sens du terme – son visage est celui d’un ange, son jab une œuvre d’art.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Ali, c’est aussi une icône pop, ce qui intéresse un magazine comme Les Inrocks. On pense d’abord au film de William Klein, Muhammad Ali the Greatest, un portrait dingue qui place Ali au même niveau qu’Elvis Presley et Marilyn Monroe et installe sa légende sur le ring et autour – on le découvre ici terriblement séducteur.
Il y a Le Combat du siècle, le livre de l’écrivain américain Norman Mailer, récit du fameux Rumble in the Jungle (le “combat dans la jungle”) qui, à Kinshasa (Zaïre) en 1974, l’oppose à l’increvable George Foreman (la traduction française est d’ailleurs très mauvaise puisque “le combat du siècle” est classiquement celui qui met aux prises Ali à Frazier en 1971). Tout le monde est là : Foreman donc, mais aussi Don King, promoteur fou, Mobutu, président du Zaïre et héraut du non-alignement, et même James Brown, ouais, accompagné par BB King et les Spinners.
L’enfant chéri de l’Afrique
La star, pourtant, c’est Ali : on ne voit et on n’entend que lui entre les lignes comme le confirmera le documentaire signé Leon Gast, When We Were Kings, sorti près de vingt ans plus tard. Coincé plusieurs mois au Zaïre (à la suite de la blessure de Foreman), en disgrâce dans l’Amérique dominante depuis qu’il a refusé d’aller combattre au Vietnam en 1967 (on l’a d’ailleurs déchu de ses titres pour cela), Ali devient en quelques mois l’enfant chéri de l’Afrique et met dans la poche de son short tout un continent – et un monde qui refuse les deux blocs.
Ali, c’est un boxeur et une icône, mais surtout l’engagement, ce qui intéresse encore plus Les Inrocks. C’est un cerveau si rapide, des convictions d’une profondeur rare et des épaules tellement larges que ses convictions avancent à la vitesse d’un uppercut. Ali, c’est celui qui refuse le Vietnam, on l’a dit, et aussi celui qui, sacré champion olympique à Rome en 1960, balancera sa médaille d’or dans le fleuve Ohio parce qu’on lui a interdit d’entrer dans un restaurant réservé aux Blancs. The Greatest, tout simplement.
Les Inrockuptibles n°1071, entretien exclusif avec Léa Salamé, en kiosques mercredi 08 juin 2016, disponible dans notre boutique et en intégralité sur les Inrocks premium
{"type":"Banniere-Basse"}