Après les attentats de Bruxelles, le trio réac ci-dessus n’a pas manqué de recenser les Molenbeek de chez nous. Une bien laide illustration de l’islamophobie à la française.
Il n’aura fallu que quelques jours après les attentats de Bruxelles pour que certains décident d’importer Molenbeek en France. Ils s’appellent Eric Ciotti, Ivan Rioufol ou encore Eric Zemmour, nous voilà surpris, et au terme d’articles aussi cons que bas de gamme (publiés dans Le Figaro pour les deux premiers, et Le Figaro magazine pour le troisième), tous trois nous expliquent en gros la même chose : Molenbeek, c’est Sevran, c’est Saint-Denis, c’est Trappes, c’est Roubaix, le Mirail à Toulouse, ou les quartiers nord de Marseille.
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Comme on a fini par se rendre compte que Molenbeek n’était pas une banlieue de Bruxelles mais bien une commune située en plein centre de la ville, on s’applique à choisir d’autres termes, mais attention, on sait bien de quoi on parle. Zemmour évoque les “territoires perdus de la République”, et encore il trouve ça un peu poli.
Ciotti est encore un peu plus précis et cible “certains quartiers transformés en ghettos ethniques et religieux”. Rioufol ouvre, lui, carrément la chemise : “Molenbeek, par exemple. Ce quartier majoritairement musulman de Bruxelles compte vingt-quatre mosquées. Il est désigné flatteusement comme ‘multiculturel’.”
Des vrais Français d’un côté, des Français entre guillemets de l’autre
Et de Molenbeek à la France, il n’y a qu’un pas que Rioufol franchit allégrement, jumpant Quiévrain comme personne à l’issue d’un texte curieusement intitulé “Les vrais responsables du malheur belge”. Lisez plutôt : “La nouvelle tragédie belge, qui en annonce d’autres, met en relief le dérisoire des mesures prises en France sous les roulements de tambours, depuis les attaques jihadistes de janvier et novembre 2015. La déchéance de la nationalité, promise un temps par François Hollande, est un faux sujet qui va d’ailleurs être abandonné. En revanche, il devient urgent de repenser l’accession à la nationalité, qui est souvent bradée et qui produit des ‘Français’ qui vomissent leur nationalité.”
Voilà, on y est, enfin. Voilà de quoi on parle chez ces trois-là : des vrais Français d’un côté, des Français entre guillemets de l’autre. Des musulmans qui sont sensés porter comme à chaque fois le poids des crimes perpétrés par une vingtaine de débiles mentaux (au nom d’une religion dont ils nient, par leurs actes, les fondements mêmes).
Non pas que nous soyons surpris par ces textes, non pas que l’idéologie nous étonne. Ce qui fascine surtout, c’est la vitesse et la putridité crasse des raccourcis désormais empruntés, le degré de manipulation et le manque de complexes dont font désormais preuve ces idéologues qui gratouillent sans cesse de nouvelles pages de ce que l’on va pouvoir commencer à appeler une islamophobie à la française. Messieurs Ciotti, Zemmour et Rioufol, vous êtes laids. Et le pire, c’est que vous ne l’ignorez sans doute pas.
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