Le 26 août, le Conseil d’Etat a suspendu l’arrêté “antiburkini”. Mais la stigmatisation des musulmans ne s’est pas arrêtée pour autant…
On saura gré au Conseil d’Etat d’avoir mis fin à ce moment humiliant que fut la triste affaire de l’interdiction du port du burkini sur les plages. La plus haute juridiction administrative française a suspendu, le 26 août, l’ordonnance du tribunal administratif de Nice qui avait autorisé l’arrêté dit “antiburkini”.
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Arrêté qui interdisait aux baigneurs portant des vêtements religieux l’accès de certaines plages de Villeneuve-Loubet, dans les Alpes-Maritimes. Le Conseil d’Etat a estimé que l’arrêté litigieux portait “une atteinte grave et manifestement illégale aux libertés fondamentales que sont la liberté d’aller et venir, la liberté de conscience et la liberté personnelle”. Fin de l’histoire donc, respiration.
Le premier à se rouler dans la fange : Manuel Valls
Malgré tout, certains ont manifesté leur souhait de vouloir se rouler un peu plus dans la fange, et le premier d’entre eux se nomme Manuel Valls. Après avoir soutenu publiquement les quelques maires rétrogrades qui avaient décidé de s’engouffrer dans la glauque brèche villeneuvoise, le Premier ministre a souhaité affirmer que “cette ordonnance du Conseil d’Etat n’épuisait pas le débat”.
Valls considère en effet que le burkini est une “affirmation dans l’espace public d’un islamisme politique”, et ajoute que “tous les Français (…) attendent qu’un islam de son temps, revendiquant pleinement les valeurs de la République, l’emporte”. Nous chercherons peut-être encore longtemps – les musulmans en tête – ce que peut bien pouvoir signifier ce fameux “islam de son temps”.
Dans la bouche du Premier ministre, il semblerait que cela implique un islam plus en accord avec cette vieille tarte à la crème que l’on ressort au fil des débats télévisés, la fameuse “laïcité”. Une laïcité à la française qui, rappelons-le, permet chaque année aux musulmans ou aux juifs de bénéficier de ces fameux jours fériés (liés à des fêtes chrétiennes) que sont le jeudi de l’Ascension, la fête de l’Assomption, la Toussaint, ou encore le lundi de Pâques et celui de Pentecôte.
Une communauté stigmatisée : les musulmans de France
Est-ce que, pour évoquer à son tour une France “de son temps”, l’on ne pourrait pas songer à modifier cela, en proposant par exemple des jours fériés à la carte et indépendants de toute tradition religieuse. Les moins aventureux – avant de vous traiter d’islamo-gauchiste – vous répondront que la France est un pays de “tradition chrétienne”, et que c’est comme ça et point à la ligne (on lancera le grand chantier de la “ chrétienté de son temps” un autre jour, si Manuel Valls a cinq minutes).
C’est lorsqu’on est faible qu’on se replie sur ses traditions. C’est aussi lorsqu’on est faible qu’on fait de quelques cas isolés (une trentaine de femmes vues en burkini) un pataquès sordide visant à stigmatiser une communauté en particulier, ici en l’occurrence celle des Français musulmans.
Après le burkini viendra le moment (c’est d’ailleurs déjà dans les tuyaux sarkozystes) de rouvrir le débat sur le voile, sur les repas dans les cantines scolaires aussi et, pourquoi pas, sur le financement des mosquées. C’est à ce moment-là qu’il faudra savoir, comme nous l’a religieusement rappelé le Conseil d’Etat, protéger nos libertés, plus fondamentales que jamais.
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