Quelle France après Nice ? Comment, après l’effroi, après la colère, après le deuil, essayer de relever et de repenser un pays qui ne cesse d’être frappé dans son sang depuis les attentats de janvier 2015 ? C’est à ces questions que nous allons devoir répondre, tous ensemble, sans exception, dans les prochains mois. Certains appellent ça […]
Quelle France après Nice ? Comment, après l’effroi, après la colère, après le deuil, essayer de relever et de repenser un pays qui ne cesse d’être frappé dans son sang depuis les attentats de janvier 2015 ? C’est à ces questions que nous allons devoir répondre, tous ensemble, sans exception, dans les prochains mois.
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Certains appellent ça “l’unité nationale”, et auraient aimé que la classe politique montre l’exemple quelques jours après la tuerie qui a coûté la vie à près d’une centaine de personnes sur la promenade des Anglais. Or cela n’a pas été le cas.
Quelques heures seulement après les meurtres, Christian Estrosi, membre des Républicains, premier adjoint au maire de Nice et président de la région Paca, attaquait frontalement François Hollande et le gouvernement, qu’il accusait de ne pas avoir su défendre la population de sa ville face au camion fou de Mohamed Lahouaiej Bouhlel. A cela, Manuel Valls, Premier ministre, indiquait directement à Estrosi dans le JDD que si ce dernier avait eu des doutes, il lui était tout à fait possible d’annuler le feu d’artifice.
Au 20 heures de TF1, Nicolas Sarkozy, en tenue de candidat, affirmait de son côté que “tout ce qui devait être fait depuis dix-huit mois n’a pas été fait”. Réponse conjointe et inédite de Matignon et de la Place Beauvau, qui publient dans la foulée une sorte de communiqué-bilan annonçant qu’aucun gouvernement n’avait “jamais autant fait contre le terrorisme”.
Pour finir, les éructations de Marine Le Pen, qui confiait ceci lors d’une allocution télévisée bon marché passée en boucle sur les chaînes d’info : “Une telle crise doit nous amener à dire : Hollande, Valls, Cazeneuve, Sarkozy et consorts, plus jamais ça, plus jamais eux.”
Tout cela contraste dramatiquement avec la dignité des Niçois qui, depuis plusieurs jours et dans leur très grande majorité, se recueillent dans le silence sur la promenade des Anglais. Tout cela contraste aussi avec la gravité des questions que se posent les citoyens français depuis ce nouvel acte de barbarie intolérable.
Loin des analyses à courte vue (la déjà fameuse “radicalisation express” – et des vociférations numériques (le hashtag “Islam hors d’Europe” qui refait surface après chaque attentat), il nous faut réfléchir à comment envisager la suite, forcément compliquée.
Quelques jours après le massacre d’Utoya en 2011 (77 morts) perpétré par Anders Breivik, le chef du gouvernement norvégien de l’époque, Jens Stoltenberg, affirmait ceci dans un discours : “Nous allons répondre à la terreur par plus de démocratie, plus d’ouverture et de tolérance.” Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas traquer ceux qui s’attaquent ou cherchent à s’attaquer à des innocents, que ce soit en France ou ailleurs, qu’ils se revendiquent de Daech ou non, et que Daech revendique ou pas.
Cela veut simplement dire qu’il s’agit dès aujourd’hui de commencer à penser une France de demain qui s’inventera loin de la haine, des cacophonies partisanes et des ambitions personnelles, de notre laïcité de façade. Le pays dans lequel nous vivons fabrique des terroristes, c’est désormais notre seule certitude. Certains sont français, d’autres non. Certains tentent de se revendiquer de l’islam, soyons assez intelligents pour ne pas les croire.
La guerre contre le terrorisme, lancée aux Etats-Unis après le 11 septembre 2001, n’a pas réussi à empêcher d’autres massacres sur le territoire américain. Il faut lutter contre le terrorisme par tous les moyens mais construire en parallèle une société plus juste, plus ouverte, plus moderne, plus égalitaire. Une société consciente de son passé colonial comme des grands déséquilibres du monde, capable de remettre en cause aussi bien sa tolérance que son intolérance. Ce travail commence dès à présent, et il s’apparente à un combat. Qu’il convient de mener avec détermination et fraternité.
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