A l’occasion du 1er mai, le rappeur, jeune engagé parmi d’autres jeunes dingues, a livré un concert dingue et encouragé ses congénères à passer à la Répu. L’édito de Pierre Siankowski.
Voilà maintenant plus d’un mois que nous suivons dans ce journal et surtout sur notre site internet – de façon quotidienne – les mobilisations qui entourent Nuit debout. Voilà maintenant plus d’un mois que nous avons choisi d’aller à l’encontre du cynisme de certains à gauche et de l’approximation médiatique qui entoure parfois le mouvement.
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En un mois, les journalistes des Inrocks sur place en ont vu de toutes les couleurs (surtout des rouges et des bleues), mais chaque jour ils ont été de ceux qui racontent avec enthousiasme et précision ce mouvement disparate et passionnant qui, on peut vous le promettre, n’en est qu’à ses grands débuts.
Voilà pourquoi, dimanche dernier, quand nous avons appris, via Twitter, que Nekfeu aka Nek Le Fenek aka Ken Kaneki (son actuel pseudo, piqué au protagoniste du manga Tokyo Ghoul) avait décidé de donner un concert improvisé pour le 1er mai à Nuit debout, nous avons évidemment bougé nos fesses jusqu’à la place de la République. Cette France dont beaucoup rêvent à gauche (et dont certains ont très peur à droite), elle était là, juste devant nos yeux : jeune, engagée, métissée, connectée, disponible.
Un concert à l’arrache hors promo, hors sécu, hors bachotage
Elle attendait un jeune mec de 26 ans qui aurait pu rester chez lui à tripoter ses disques d’or et à s’en rouler des petits, mais qui, à l’inverse, avait choisi de venir jouer ses titres sur un vieux camion placé – avec une sono de fortune – au milieu de la place de la République. Quand certains artistes parlent de promo, de sécu ou de backstage, Nekfeu a débarqué avec ses potes du S-Crew, de 1995 et de L’Entourage, à l’arrache, pour une grosse heure de live ultra symbolique.
Ce dimanche 1er mai, place de la République, il était un jeune engagé parmi les autres jeunes engagés. Un mec qui donnait de son temps pour imaginer une France nouvelle, qui ne peut décemment pas se permettre d’attendre 2017 pour savoir qui sera l’adversaire de Marine Le Pen lors d’un deuxième tour borgne et sordide de la présidentielle.
“Ici ça parle de choses dont personne ne parle, des réfugiés, des gens qui sont dehors, des dérives de l’état d’urgence, d’islamophobie”, s’est exclamé Nekfeu avant d’encourager ses congénères à venir passer la Nuit debout. Puis il a fini, après un concert assez dingue et un tour dans le public, par emmener derrière lui une cohorte de jeunes gens rue du Faubourg-du-Temple, et peut-être plus loin encore. Nekfeu est debout : puissent désormais d’autres artistes lui emboîter le pas.
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