Au-delà des faits, que révèlent les affaires Sarkozy et Cahuzac des pratiques des politiques et de leur rapport à la justice ?
Le 12 mars 2012, sur TF1, en pleine campagne présidentielle, Sarkozy répond à une question de Michel Field à propos des “accusations” de Mediapart : “Ce qui a choqué les Français dans l’affaire Bettencourt, c’est les sommes extravagantes de cette famille. Mais à ma connaissance, là encore, y a-t-il une preuve ? Ai-je été condamné ? On me demande de me justifier sur quoi ? De la part de qui ? Que la justice fasse son travail quand même !” Si c’est lui qui l’exige…
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Depuis mardi dernier et l’annonce de l’ouverture d’une information judiciaire pour “blanchiment de fraude fiscale” contre Jérôme Cahuzac, suivie de sa démission, les motifs de satisfaction n’ont pas manqué. Le bruit médiatique dominant s’est inversé et les plus sévères censeurs de Mediapart ont soudain été touchés par la lumière du journalisme d’enquête. Au-delà de l’anecdotique, mais ô combien réjouissante, déroute d’Aphatie et consorts, le maintien au gouvernement de Cahuzac pendant presque cinq mois demeure une incompréhensible anomalie. Comment a-t-on pu se persuader que d’aussi fortes présomptions n’étaient que vessies et billevesées ? Quelles explications a fournies Jérôme Cahuzac à François Hollande et Jean-Marc Ayraut pour qu’ils le croient sur parole ? Comme tous ces journalistes qui se sont un peu vite contentés du désormais fameux “Ce n’est pas moi, parce que ça ne peut pas être moi…” à propos de l’enregistrement.
Le parquet de Paris, lui, a considéré que “les investigations menées dans le cadre de l’enquête préliminaire doivent désormais se poursuivre dans un cadre procédural plus approprié, au regard de la complexité des investigations à diligenter, notamment la mise en oeuvre complète de l’entraide répressive internationale, en Suisse mais aussi à Singapour”.L’impression demeurera longtemps que Cahuzac a cru pouvoir passer en force, à l’intimidation, tout à son sentiment d’impunité, et que les deux têtes de l’exécutif ont accepté son pari de supériorité. Malgré le massif conflit d’intérêts. L’impression est désastreuse.
Frédéric Bonnaud
Retrouvez l’intégralité du texte dans le nouveau numéro des Inrockuptibles en ligne ici et en kiosque le 27 mars. Au sommaire : Sarkozy, Cahuzac, Lagarde : les affaires reprennent, entretien avec Dave Gahan pour la sortie du nouvel album de Depeche Mode et la BNF qui met à l’honneur Guy Debord, stratège de l’internationale situationniste.
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