1. Le gouvernement a donc décidé de célébrer la fête du Travail en s’opposant à la loi d’amnistie syndicale, pourtant adoptée de justesse par le Sénat le 27 février. “La position du gouvernement dans ce débat sera ‘non’, nous ne sommes pas favorables à cette amnistie, ni à aucune autre”, déclarait mercredi dernier le ministre […]
1. Le gouvernement a donc décidé de célébrer la fête du Travail en s’opposant à la loi d’amnistie syndicale, pourtant adoptée de justesse par le Sénat le 27 février. “La position du gouvernement dans ce débat sera ‘non’, nous ne sommes pas favorables à cette amnistie, ni à aucune autre”, déclarait mercredi dernier le ministre chargé des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies. Cette proposition de loi prévoyait l’amnistie des délits et sanctions pour des faits commis lors de mouvements sociaux entre le 1er janvier 2007 et le 1er février 2013. Exemple célèbre : le 21 avril 2009, les ouvriers de Continental (usine de Clairoix, Oise) apprennent qu’ils sont déboutés de toutes leurs demandes contre la fermeture de leur usine. Ils saccagent la sous-préfecture de Compiègne. Xavier Mathieu (délégué CGT) et ses camarades seront condamnés.
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2. Catherine Tasca, sénatrice PS des Yvelines, vice-présidente du Sénat, lors de la séance du 27 février : “C’est un message de pacification que nous envoyons aux salariés victimes de la violence sociale qui se perpétue dans les entreprises. Nous restaurons aussi leur honneur, et c’est un point majeur. L’amnistie efface une peine qu’ils peuvent vivre comme infamante.” Précisons que cette loi d’amnistie était déjà fort restreinte. C’est ainsi – par exemple – que les militants de RESF (Réseau éducation sans frontières) en avaient été soigneusement écartés… Dans leur infinie sagesse, les sénateurs socialistes prenaient soin de ne pas mélanger les torchons syndicaux et les serviettes angéliques.
3. Depuis mercredi dernier, le gouvernement a donc renoncé à “restaurer l’honneur” des Conti incriminés et celui des autres ouvriers en colère devant les délocalisations et autres licenciements boursiers. Interruption du “message de pacification” après les années Sarkozy. Encore heureux que le Parti socialiste n’ait pas porté plainte contre les ouvriers de PSA Aulnay qui ont osé interrompre le 13 avril les importants et solennels travaux de son conseil national – et contraint le Premier ministre à se tirer vite fait par la porte du fond.
4. J’écris ces bêtises une semaine avant publication. Je prends donc le risque que dès demain, lundi au plus tard, l’exécutif et le groupe socialiste à l’Assemblée nationale se disent que non – quand même pas, allô, quoi, pas juste avant le 1er mai ! –, retrouvent leurs esprits, votent la loi et rendent ces lignes outrancières et grossièrement accusatrices. Après un an de hollandisme, allez savoir pourquoi, je prends le risque, hélas.
5. La droite bête et méchante qui manifeste contre le Mariage pour tous se plaint de ne pas être entendue par le pouvoir. Henri Guaino en a le menton qui tremble. Tout ça sent le manque de pratique, l’amateurisme. Un mouvement tous les trente ans (1984, l’école dite “libre”), c’est peu. Même en ajoutant les processions. Comme j’ai la grande habitude de ne jamais être entendu quand je manifeste, il n’est pas absolument impossible que je remette ça le 5 mai. Et pas avec Frigide Barjot.
Frédéric Bonnaud
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