1. Une unique consolation : François Hollande n’est pas Nicolas Sarkozy. Il fait plutôt profil bas, n’est pas vulgaire et parle un français ennuyeux de technocrate. Il pèse moins sur nos petits nerfs. Du point de vue comportemental, c’est effectivement un “président normal”. On ne peut pas lui enlever ça. 2. On a vite dû […]
1. Une unique consolation : François Hollande n’est pas Nicolas Sarkozy. Il fait plutôt profil bas, n’est pas vulgaire et parle un français ennuyeux de technocrate. Il pèse moins sur nos petits nerfs. Du point de vue comportemental, c’est effectivement un “président normal”. On ne peut pas lui enlever ça.
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2. On a vite dû admettre qu’en plus d’être “normal”, Hollande serait un “président technique”, une sorte de Mario Monti à la française, mais qui aurait été élu, lui, dans le soulagement de voir partir Sarkozy. En Italie, les “techniques” sont banquiers et catholiques ; en France, ils sont énarques et socialistes. Mais ce sont les mêmes. Ils aiment l’Europe et ses institutions fort peu démocratiques, se méfient beaucoup du peuple et ont appris à respecter “les grands équilibres économiques”. Ils sont toujours étonnés qu’on conteste leurs compétences et leurs méthodes. Eux savent bien qu’on ne peut pas faire autrement… En Italie, quand ils se présentent aux élections, quand ils essaient d’être vraiment élus plutôt que seulement nommés par le président de la République, ça ne marche pas, les gens sont furieux. Du coup, après eux, c’est le bordel : majorité introuvable, Beppe Grillo qui triomphe, Berlusconi qui rigole. En France, pour battre une droite de plus en plus dure, ils font semblant d’être de gauche. C’est François Hollande, au Bourget, le 22 janvier 2012 : “Je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti. Il ne présentera jamais sa candidature. Il ne sera pas élu. Et pourtant, il gouverne. Mon adversaire, c’est le monde de la finance.” Gros succès. Alors que Jospin, en 2002, n’avait même pas compris qu’il faut toujours faire une campagne de premier tour à gauche, rassembler ensuite en ne disant plus rien, et ne se renier qu’après, une fois parvenu à l’Elysée. Jospin avait déclaré : “Mon programme n’est pas socialiste.” Erreur fatale. Pour contenir la progression de Mélenchon, Hollande, lui, a inventé le coup des 75 %. Un technicien, vous dis-je.
3. Il y a une semaine, une éternité, lors d’une émission ennuyeuse que tout le monde a déjà oubliée, Hollande a tranquillement déclaré qu’il n’était évidemment pas socialiste mais “le Président de tous les Français”. Même pas social-démocrate, carrément centriste. Il n’a plus parlé du monde de la finance, du droit de vote des étrangers ou d’une grande réforme fiscale. Il a soigneusement évité de dire quoi que ce soit “de gauche” – ce qui n’a pas dû lui demander un effort trop rude. Mais il est pour la croissance et pour l’emploi. Et compte sur les entreprises pour mériter les 20 milliards qu’il vient de leur octroyer au nom du “choc de compétitivité”. La droite est embêtée. Il ne lui reste que “le mariage pour tous” et les insultes aux juges pour marquer sa différence.
Frédéric Bonnaud
Retrouvez le nouveau numéro des Inrockuptibles en ligne ici et en kiosque le 3 avril. Au sommaire : notre dossier Game of Thrones pour le début de la troisième saison, Nicolas Philibert regarde la radio et fait un film et un portrait de James Blake, pour la sortie de son deuxime album Overgrown.
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