François Hollande et son entourage s’étonnent de la violence de la chute de l’exécutif dans les sondages. François Hollande, FH pour les journalistes, réclame du temps. Du temps pour convaincre, du temps pour mener à bien une politique dans le contexte de crise généralisée que l’on sait (crise de l’emploi, crise financière, crise de nos […]
François Hollande et son entourage s’étonnent de la violence de la chute de l’exécutif dans les sondages. François Hollande, FH pour les journalistes, réclame du temps. Du temps pour convaincre, du temps pour mener à bien une politique dans le contexte de crise généralisée que l’on sait (crise de l’emploi, crise financière, crise de nos économies énergivores en manque de matières premières, crise écologique, crise du vivre-ensemble, crise de la laïcité, on en passe).
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Une politique oui, mais laquelle ? Et s’il était là le nœud du problème auquel est confronté le chef de l’État, donc, par ricochet, l’ensemble des habitants de ce pays, c’est-à-dire nous ? Non pas, comme on semble s’en bercer à l’Élysée, dans l’impatience pointilleuse de quelques journalistes versatiles voulant vendre du papier, non pas dans l’addiction des Français au rythme effréné de Nicolas Sarkozy, non pas dans une habituelle, voire nécessaire, phase de désillusion suivant une élection présidentielle, mais dans l’incompréhension devant une politique s’inscrivant si manifestement dans la continuité de la précédente. Or une majorité de votes exprimés lors du deuxième tour de la présidentielle – qui n’est cependant pas la majorité des votes effectifs – s’était portée sur le candidat promettant une autre politique. C’est ballot.
Et si l’on se contentait bêtement de faire ce que l’on a promis ? Les Français ne sont pas des veaux. Ce peuple éclairé, querelleur, revendicatif, rebelle n’a rien de la bête amorphe, titubant dans le couloir de sa mort, hébétée par des décharges électriques avant mise en route du processus d’abattage. Les Français ne sont pas stupides. Ils sont capables de voir, chacun depuis sa petite place, ce qui se passe au plus haut. De voir comment, de renoncement en renoncement (sur le vote des étrangers, le traité européen, la promesse d’une fiscalité plus juste, la mise au pas de la finance, la séparation entre exercice de l’État et tripatouillages au sein de son parti, le non-cumul des mandats – bientôt le retrait des troupes d’Afghanistan ?), la même musique qu’hier s’installe aujourd’hui.
On passera sur les Roms et les récépissés de contrôle d’identité, ça nous évitera d’être traités de “ronronneurs intellectuels” par le ministre de l’Intérieur (comme si oser critiquer sa politique, c’était forcément être du côté des “angéliques”).
La gauche socialiste au pouvoir fait dans le “raisonnable”. Encore un effort camarade, et on devrait bientôt entendre que l’État “ne peut pas tout”. Or ce pour quoi, on s’en veut de se répéter, les Français ont voté, c’est le changement ! Les idées nouvelles, la prise à bras-le-corps des problèmes, l’audace, la mise en œuvre, réelle, des promesses de campagne, c’est pour quand ? Cinq mois pour lancer tout cela, ce n’est pas suffisant ?
On pourrait sourire, si la situation n’était si grave, de constater que la SEULE promesse de campagne semblant être mise en œuvre dans toute son ampleur est le retour aux critères de Maastricht dès l’an prochain, soit un défi cit public ne dépassant pas 3 % du PIB (et la dette à ramener sous les 60 % du PIB, on en parle ?). C’est-à-dire un brutal serrage de ceinture. Austerity is around the corner. Or l’austérité rend les peuples exsangues (cf. en Grèce, au Portugal, en Espagne), mais ne produit pas la relance. Non, l’austérité telle que la prévoit le traité européen que le candidat Hollande avait promis de ne pas voter n’est pas la solution. Elle n’a qu’une “vertu”, rassurer les marchés, donner aux banques le temps de se retourner, leur éviter un effondrement qui les obligerait à faire face au risque sur lequel elles-mêmes ont parié. Vous savez, les marchés, les banques. La finance, quoi. Son adversaire.
Audrey Pulvar
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