C’est une semaine décisive dans la crise de l’intermittence. Ce vendredi 4 juillet, la CGT appelle à une grève nationale “massive” pour l’ouverture du Festival d’Avignon. Pourtant, le 20 juin, Manuel Valls a fait des annonces qu’il qualifie de “main tendue” tout en reconduisant le protocole fustigé de 2003 et l’accord Unedic du 22 mars […]
C’est une semaine décisive dans la crise de l’intermittence. Ce vendredi 4 juillet, la CGT appelle à une grève nationale « massive » pour l’ouverture du Festival d’Avignon. Pourtant, le 20 juin, Manuel Valls a fait des annonces qu’il qualifie de « main tendue » tout en reconduisant le protocole fustigé de 2003 et l’accord Unedic du 22 mars alors que la Coordination des intermittents et précaires et la CGT avaient fait de son non-agrément un préalable à l’arrêt des perturbations. Le Premier ministre a annoncé la non-application du différé – délai de carence avant le versement des indemnités chômage. Pour pallier le manque à gagner pour l’Unedic, l’Etat va débloquer 40 millions d’euros sur la période allant de juillet à décembre 2014. Or les intermittents se disent prêts à accepter un différé en échange du retour à 507 heures sur douze mois et la réactivation de la « date anniversaire », moment où est calculé le nombre d’heures. Ils ne réclament pas plus d’argent, mais moins de précarité de l’emploi. De plus, proposer la création d’une caisse autonome, qui ferait sortir l’intermittence de la solidarité interprofessionnelle, est une vieille lune du Medef, qui pense le régime de l’intermittence comme une subvention à la culture.
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Certains à gauche font entendre une autre musique en réclamant le non-agrément (signé le 26 juin par François Rebsamen, ministre du Travail). C’est le cas de Martine Aubry et des « frondeurs » socialistes. Ce groupe de députés s’oppose à la ligne présidentielle sur les questions économiques et sociales. Depuis le début de l’année, François Hollande a fait le choix de répondre aux demandes du patronat. Il a proposé la mise en place du pacte de responsabilité : l’Etat concède aux entreprises 41 milliards de baisses de charges et d’impôts contre des promesses d’investissements et de créations d’emplois. Une politique qu’il nomme socialisme de l’offre mais qui pourrait plutôt être qualifiée de libéralisme : les profits d’aujourd’hui feront les investissements de demain. Les frondeurs estiment à l’inverse que les profits d’aujourd’hui font les dividendes d’aujourd’hui. Les députés signataires de l’Appel des 100 sont, eux, partisans d’une relance par la demande : pour cela, il faut redonner du pouvoir d’achat aux ménages grâce à des baisses d’impôts, soutenir l’investissement des collectivités locales et créer 150 000 emplois aidés et 150 000 contrats en alternance.
A la mobilisation des frondeurs répond une entreprise de déstabilisation menée par les syndicats patronaux. Ces derniers ont réclamé, le 29 juin, l’application rapide et totale du pacte de responsabilité sans contreparties ainsi que le report du compte pénibilité à janvier 2016, sans quoi ils boycotteront la conférence sociale des 7 et 8 juillet. Cette conception brutale du dialogue social met en porte-à-faux le principal interlocuteur du Medef, la CFDT, qui a déclaré que le pacte serait remis en cause si le Medef mettait ses menaces à exécution.
Avec la crise de l’intermittence, les députés frondeurs craignent aussi que le Parti socialiste ne se coupe d’un électorat traditionnellement de gauche. Ils cherchent donc à inverser les signaux. Parallèlement, en se droitisant, Hollande offre un boulevard à une autre gauche de gouvernement qui dessine les contours d’une autre majorité politique de gauche pour 2017 dans laquelle Martine Aubry, entre autres, est une possible alternative à François Hollande.
Anne Laffeter
Dans les Inrocks cette semaine : intermittents, précaires, le combat continue, la soul luxuriante de Jungle et Hollywood et le fantôme de la starlette X. Retrouvez le numéro en kiosque et dans notre boutique en ligne.
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