En 2009, plusieurs magazines écolos ont fait leur apparition. Une éclosion en phase avec l’évolution de l’opinion.
Il y a encore un an, la presse verte était quasi inexistante en kiosques. L’offre se limitait à des gratuits (comme Toogezer), à des titres disponibles sur abonnement comme Silence (publiée depuis 1982) ou le mensuel Terra Economica (également sur le web). Ce dernier, maintenant appelé Terra Eco, est en kiosque depuis mars et deux autres ont fait leur apparition : le bimestriel Alfalfa et le trimestriel Ecologie pratique. Des lancements qui n’ont rien d’évident : “On a en commun d’être à la croisée des chemins, analyse Walter Bouvais, directeur de la publication de Terra Eco. Ces titres correspondent à une attente indéniable du lectorat, mais en même temps ils arrivent dans un marché sinistré et dans le contexte global de la crise économique.”
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Cependant, bien avant le lancement en kiosques, Terra Eco a su imprimer sa marque depuis six ans avec un site qui fonctionne comme un véritable quotidien et une diffusion longtemps cantonnée aux seuls abonnements. Résultat : le magazine se vend à 35 000 exemplaires. Walter Bouvais rappelle qu’“une grande partie des lecteurs sont des abonnés de longue date, ce qui permet de tenir le choc”. Passer du site au papier n’a pas empêché que l’objectif soit le même : “On a envie de dessiner quelque chose de nouveau en terme de journalisme : à la fois donner de l’info et en même temps pousser le lecteur à s’interroger sur son mode de vie.”
Un lectorat urbain, plutôt diplômé et surtout très exigeant dont le directeur de la publication affine l’image : “Ceux qui achètent Terra Eco vont au-delà des effets de mode et sont en demande d’informations pour pouvoir agir correctement.” Du côté d’Ecologie pratique, lancé en octobre, on se veut plus grand public. Le magazine est essentiellement axé sur la consommation, une demande forte du lectorat. Fabien Richard, directeur de publication, explique : “Les stratégies de consommation sont au cœur du développement durable. On essaie d’expliquer au grand public que si certaines marques récupèrent l’écologie à des fins marketing (le greenwashing), d’autres sont réellement responsables et s’inscrivent dans une démarche engagée. On signale donc celles qui font de l’écologie de surface et celles qui mènent un travail de fond.”
Les enjeux autour de la consommation sont multiples. Fabien Richard poursuit : “Le public commence à se défaire de l’idée fausse selon laquelle consommer de façon responsable coûte forcément plus cher. Dans le domaine de la maison, par exemple, les gens se rendent compte que des panneaux solaires, en plus de respecter la planète, représentent aussi une économie de 400 à 500 euros par an.”
L’essor de ces titres correspond ainsi à une période où les thématiques du développement durable n’ont jamais été aussi présentes. Pour Guilllaume Malaurie, grand reporter au Nouvel Observateur spécialisé dans l’environnement, le message écologique se répand. “La France avait un immense retard, puis le Grenelle de de l’environnement a servi de catharsis dans l’opinion. L’écologie est très présente dans la presse généraliste. Et l’apparition de nouveaux journaux entérine le fait que l’on n’est plus dans une période pionnière, mais que nous sommes entrés dans le dur.” Une situation qui est loin d’être partagée par tous : “L’opinion française est beaucoup plus sensibilisée à ces problèmes qu’aux Etats-Unis, par exemple, où on n’imagine pas un débat comme on en a eu sur la taxe carbone.”
{"type":"Banniere-Basse"}