Ebdo, lancé le 12 janvier 2018, connaît déjà des difficultés financières. Après la polémique déclenchée par une enquête visant Nicolas Hulot, le magazine n’aurait pas réalisé les ventes qu’il espérait.
Le magazine Ebdo a-t-il été trop ambitieux ? Deux mois seulement après son lancement, il est en tout cas en difficulté financière, comme le rapporte nos confrères de Libération. Si les créateurs du journal entendaient prouver que la presse papier n’était pas morte, leur pari est jusqu’à présent raté.
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Jeudi 15 mars, une réunion de crise avec la quarantaine d’employés a eu lieu dans la rédaction. Depuis plusieurs jours, des rumeurs de liquidation judiciaire, de plan social et de cessation de parution circulent en interne. « Nous sommes à la croisée des chemins », avoue Laurent Beccaria, contacté par Libération. « On se bat. On explore toutes les pistes pour sauver le meilleur de ce journal. »
Les conséquences de l’affaire « Hulot »
En cause ? Une ligne éditoriale mal définie, comme le reconnait lui-même l’un des co-fondateurs, et une grosse polémique autour de la parution d’une enquête, largement jugée peu convaincante, sur l’actuel ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot. Celui-ci a d’ailleurs déposé une plainte contre l’hebdomadaire à la suite de la publication de l’article.
« Nous sommes face à ce moment de crise où tout se résout ou s’encalmine. Mais l’énergie est là », poursuit l’actionnaire. L’affaire « Hulot » a tout de même divisé la rédaction et précipité la baisse des ventes. Alors que le dixième numéro d’Ebdo sort ce vendredi 16 mars, le magazine est très loin de ses ambitions. L’objectif était de 70 000 abonnés et 20 000 ventes, alors que dans les faits cela donne 8 000 abonnés, et des ventes en kiosque qui oscillent entre 8 000 et 10 000 numéros.
« On refait le business plan depuis un mois »
Patrick de Saint-Exupéry admet qu’il y a des dysfonctionnements. « Le choc des cultures à l’intérieur de la rédaction a été mésestimé, et son effet sur le temps qu’il faut pour créer un collectif », déclare le directeur de la rédaction.
La trésorerie de la société éditrice, Rollin Publications, a considérablement diminué, atteignant à peine le million d’euros pour l’ensemble de ses revues (Ebdo, XXI et 6 Mois). « On refait le business plan depuis un mois. Les hypothèses économiques ont pris une autre figure. On doit retravailler l’ensemble de l’équation économique », reconnaît de son côté Laurent Beccaria.
« Cela se compte en semaines »
La parution de l’enquête sur Nicolas Hulot a fait fuir un actionnaire, ami du ministre, qui devait investir deux millions d’euros dans le journal. De plus, les crédits bancaires de 4 millions d’euros sur lesquels comptait la direction de l’Ebdo ont été bloqués. « On n’a pas six mois. Cela se compte en semaines. Cela ne sert à rien de s’enfoncer dans la vase. Il faut trouver l’équation entre de nouveaux investisseurs, une nouvelle formule du journal et la rédaction qui en a envie », explique Beccaria.
« L’attente des lecteurs n’a pas disparu. On n’a pas été assez près d’elle. Nous avons une communauté de lecteurs que l’on peut tout à fait reconquérir », conclut Patrick de Saint-Exupéry. Mais pour cela, encore faut-il trouver un actionnaire.
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