Elle sera à Cannes trois fois plutôt qu’une : dans le Robin des Bois de Ridley Scott, dans le court métrage de Louis Garrel et dans le premier film de Rebecca Zlotowski, Belle épine, qu’elle adore. Rencontre avec une actrice épuisée qui aime à rire.
C’était important pour toi, de tourner dans le film de Ridley Scott ?
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Qui refuserait de tourner avec Ridley Scott ? Je suis encore une débutante ! J’avais filmé moi-même mes essais pour les envoyer à Ridley. La première fois, ça ne lui a pas plu, il me trouvait trop âgée. Je les ai refaits en catastrophe et il m’a prise. Je suis très heureuse. Mais je trouve qu’être acteur est de plus en plus dur.
Pourquoi ?
Jouer, on croit que c’est inné chez certaines personnes, mais ce n’est pas vrai du tout. Imaginez que vous deviez jouer le rôle d’un journaliste qui va interviewer une actrice dans un café… Et que l’on vous demande de refaire ça trente fois… Imagine que tu doives ensuite faire une grande déclaration droit dans les yeux à une personne que tu aimes, mais qu’on mette en face de toi un Post-it. C’est absurde et drôle, mais en même temps, c’est difficile.
Mais tu as choisi ce métier…
Oui, c’est un métier formidable ! Mais c’est dur aussi sur le plan psychologique. Je dis peut-être ça parce que je suis une fille. Mais le rapport aux hommes dans ce métier, je le trouve difficile. J’adore ce que je fais, je suis investie, mais on a l’impression que les gens vous tapent sur la tête et qu’il faut toujours sourire. Les rapports affectifs sont énormes. On a un rapport direct avec le réalisateur, qui se prend parfois pour un maître, pour Dieu, pour l’amant, le mari…. En même temps, je sais me protéger. Disons que le cinéma amplifie les choses. Sur un tournage, il y a comme une odeur d’hystérie et d’auto-excitation.
Cannes aussi, non ?
Cannes, j’aime et j’aime pas. C’est important quand on est fier d’un film et qu’on porte un film.
Belle épine, qu’est-ce que c’est ?
C’est vraiment un film dont je suis très fière. J’aime la façon très humaine dont Rebecca Zlotowski a écrit et créé ses personnages. C’est comme s’ils avaient, à travers la bande d’acteurs jeunes et infatigables que Rebecca a su réunir (Johan Libéreau, découvert dans Douches froides d’Antony Cordier ou Anaïs Demoustier – ndlr), une existence propre, indépendante de l’imaginaire qui les a vus naître. C’est un film sexy et viril, très émouvant, plein d’actions et de non-dits, avec une grande douceur.
Tu connais Louis Garrel depuis longtemps ?
Tu veux que je te raconte mon histoire avec lui ? (rires) Non, je plaisante. Louis et moi sommes issus du même milieu socioculturel, on est de la même génération et on a été nourris des mêmes choses. On avait joué ensemble dans La Belle Personne de Christophe Honoré mais je crois qu’il m’a prise dans son film parce qu’il pensait que je pouvais incarner une femme de notre génération telle qu’il l’imagine. Petit tailleur est un très très beau film, plein d’énergie.
Qu’est-ce que tu écoutes en ce moment ?
Je suis tarée avec la musique. C’est comme une personne qui me parlerait. Je ne peux pas en écouter avec quelqu’un, il faut que je sois seule sinon ça me déconcentre. Je n’ai pas trop le temps et je suis monomaniaque. En ce moment, j’écoute en boucle Ainsi soit-il de Louis Chédid… (éclat de rire) Il chante sans chanter, j’adore…
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