Le Monde a révélé qu’Alexandre Benalla s’était rendu au Tchad quelques semaines avant la visite officielle du président, qui vient de quitter N’djamena. Depuis, les explications se multiplient de manière contradictoire pour tenter d’éviter un nouveau scandale.
Ce 25 décembre, Alexandre Benalla a soumis à l’AFP une formule pour le moins absconse : “Je ne me tairai plus”. Il met en cause la communication de l’Élysée à son encontre depuis le début de la semaine. Lundi 24 décembre, Le Monde révélait que l’ancien chargé de mission de l’Élysée s’était rendu début décembre au Tchad pour y rencontrer Oumar Déby, le frère du président tchadien.
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La nouvelle perturbe le séjour officiel d’Emmanuel Macron à N’djamena pour les fêtes de Noël. Depuis cet été, la relation trouble entretenue par Alexandre Benalla avec le pouvoir fait l’objet d’interrogations et de dénonciations. Les révélations de l’affaire dite Benalla, dont Le Monde a aussi été à l’origine fin juillet, ont conduit à sa mise en examen notamment pour “violences volontaires” et “port prohibé et sans droit d’insignes réglementés par l’autorité publique”. Chargé de mission auprès de l’Élysée, ce dernier aurait outrepassé ses fonctions en agissant violemment contre des manifestants lors des événements du 1er mai dernier, des faits connus par l’Élysée et qui n’auraient entraîné aucune conséquence. L’affaire a sérieusement entamé l’image du président et entraîné le limogeage d’Alexandre Benalla le 1er août. Sa réapparition dans les médias à nouveau aux côtés du nom d’Emmanuel Macron embarrasse l’Elysée, qui a réagi dans plusieurs communiqués ces derniers jours.
Un voyage au Tchad, quelques semaines avant Emmanuel Macron
Après les révélations de lundi dernier, Alexandre Benalla a rapidement confronté sa version dans les médias. Son entourage a précisé à l’AFP qu’il était “au Tchad avec une délégation économique de six personnes étrangères qui vont faire 250 millions d’euros d’investissements. Ça n’a rien à voir avec Emmanuel Macron, rien à voir avec l’Élysée, rien à voir avec la présidence de la République”. Interviewé par LCI ce mercredi, il s’est lui-même présenté comme “consultant”, en déplacement courant décembre “pour des entreprises qui venaient au Tchad pour monter des usines dans l’industrie, qui vont créer 3 000 emplois à N’djamena”.
Le 24 décembre, Le Monde a rapporté que le président français avait discuté avec son homologue tchadien, Idriss Déby, de la visite que venait d’effectuer l’ancien collaborateur de l’Élysée. Les informations données ensuite par ses communicants à l’AFP ont visé à clarifier l’absence de lien entre les déplacements successifs d’Alexandre Benalla et d’Emmanuel Macron au Tchad à quelques semaines d’intervalle : “Emmanuel Macron a tenu à faire savoir samedi à Idriss Déby que cette personne n’était en aucun cas un intermédiaire officieux ou officiel. S’il se présentait comme tel, il est dans le faux”. Cette dernière phrase a passablement énervé Alexandre Benalla. “Certaines personnes au plus haut sommet de l’Etat souhaitent me faire taire ou me neutraliser”, a-t-il confié à BFM TV.
Rupture avec l’Elysée
Alexandre Benalla a aussi affirmé avoir prévenu l’Élysée antérieurement à son déplacement. Le 25 décembre, l’Élysée a néanmoins démenti en avoir eu connaissance avant la semaine dernière, quelques jours avant que la presse n’en parle. Dans L’Express, Benalla a accusé les conseillers du président de communiquer “sur la base de fausses rumeurs”. Ces nombreux couacs entre la communication officielle de l’Élysée et celle de son ancien collaborateur marquent un tournant depuis la mauvaise publicité de l’affaire Benalla. Lors des révélations de cet été, le président était resté silencieux avant une prise de parole destinée à souligner sa propre part de responsabilité. En novembre dernier, il avait à nouveau défendu Alexandre Benalla face à son traitement médiatique : “Il a fait des fautes. Est-ce qu’il mérite d’être traité comme le plus grand criminel en liberté ? Je n’en suis pas sûr, il faut penser que les gens ont leur vie, leur famille”.
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