Le vignoble alsacien s’est tôt intéressé au bio, qui apparaît aujourd’hui comme la seule issue pour valoriser le terroir et retrouver le consommateur.
Avec ses verres verts, ses bretzels et ses marchés de Noël, l’Alsace reste pour beaucoup la plus ringarde des régions vinicoles françaises. Celle des vins trop sucrés que l’on cantonne – mal – au foie gras et au dessert. Mais les lendemains de maux de tête pourraient bien être révolus.
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Une biodynamique alsacienne
Parce que le pays des cigognes n’est pas seulement pionnier dans la livraison de nouveaux-nés. C’est la première région française à avoir prôné le bio dans les vignes. Aujourd’hui, 14 % de ses surfaces sont converties alors que la moyenne nationale est à 8 %.
La biodynamique alsacienne plante ses racines dans les années 70. A l’époque, Rudolf Steiner ne se contente pas de raconter les bienfaits des shampoings Weleda ou des jardins d’enfants libres. Il insiste aussi sur le fait que la vigne reste avant tout un organisme vivant autonome. “On allait en Suisse et en Allemagne voir comment limiter l’emploi des pesticides de synthèse et des engrais chimiques”, se souvient Jean Schaetzel.
Vers un vin raisonné
Depuis, ce vigneron œnologue formateur prêche la bonne parole d’une production sans tracteur, sans sulfites et sans sucre. Les Jean-Pierre Frick, Jean-Louis Mann, Eugène Meyer ont débroussaillé à la main. Arrive une génération qui ne veut plus de verres à pied gravés de grappes de raisin. “Il y a une tendance lourde en Alsace pour aller vers du raisonné”, affirme Rémy Gresser, vigneron à Andlau.
Les jeunes ont voyagé, bu chez les voisins et “la nouvelle génération veut rentrer, notamment attirée par le business du bio”, confirme Jean-Louis Mann à Eguisheim, où la moitié des viticulteurs a adhéré à la cause.
Riesling Manifesto
Terrain à la géologie complexe et au terroir plus hétérogène tu meurs, l’Alsace a bien du mal à être identifiée. Face aux gros faiseurs qui écoulent leurs hectos de muscat vite produits vite vendus, le seul espoir pour ces militants “est d’élaborer de vrais vins terroir avec de vraies capacités de garde”, résume Thomas Larmoyer chez Ostertag.
Ce domaine avant-gardiste “entièrement dada, totalement gaga, 100 % riesling”, a signé en 1999 le Riesling Manifesto, qui décrétait d’“alléger l’estomac et de retrouver le goût de la terre”. Reste que si “on a mis cinquante ans pour aller dans le chimique, on mettra cinquante ans pour aller dans l’autre sens”, précise Rémy Gresser.
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