Dans son rapport annuel sur le terrorisme, Europol parle surtout de la menace islamiste, mais note aussi une augmentation des attentats d’extrême-gauche, après une année marquée par la violence politique en Grèce.
611 personnes ont été arrêtées pour des faits de terrorisme en Europe en 2010. C’est moins que l’année précédente, mais l’organisation Europol ne veut pas avoir l’air de lever le pied sur d’éventuelles menaces à venir.
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Si l’islamisme reste la priorité des polices européennes, leur rapport (en anglais) traite aussi des possibilités d’attentats séparatistes, d’extrême-gauche, d’extrême-droite ou d’actes isolés.
Europol, en croisant des renseignements donnés par les Etats membres, donne une idée des craintes partagées par les pouvoirs publics et dresse le bilan des actes effectivement commis. En ce qui concerne le terrorisme d’extrême-gauche, très présent sur la scène politique grecque en 2010, en voici un panorama.
Le terrorisme anarchiste, un problème de type grec
Le rapport d’Europol, qui repose sur des informations policières, ne prétend pas sociologiser les terroristes mais aider à adapter les politiques publiques à la menace perçue. La crise économique et l’augmentation du chômage chez les jeunes, y compris diplômés, sont donc avancés comme seule explication du regain de violence politique.
De la part des groupes anarchistes “révolutionnaires, anticapitalistes et anti-autoritaires”, le rapport note une augmentation du nombre d’attentats cette année et une violence accrue. Ce type d’actions reste toutefois largement minoritaires dans le bilan total. En tout, 34 personnes soupçonnées d’appartenance à une organisation terroriste d’extrême-gauche ont été arrêtées en 2010. Elles seraient à l’origine de 45 attaques dans cinq pays.
“Traditionnellement, ces groupes sont plus actifs en Grèce, Italie et Espagne”, est-il écrit dans le rapport, qui se concentre sans surprise sur la Grèce, siège de la moitié des attentats attribués à l’extrême-gauche, dont les seuls ayant fait des victimes.
Six personnes sont mortes l’an dernier, dans des conditions très différentes : le chef de la sécurité du ministère de l’Intérieur (en ouvrant un colis piégé) et un journaliste (tué par balles) trois employés de banque (dans un incendie provoqué par des cocktails molotov) et un adolescent de 15 ans (en ouvrant un sac dans lequel se trouvait une bombe).
Une possible internationalisation
Outre la Grèce, le rapport signale le développement du terrorisme d’extrême-gauche “dans d’autres pays, surtout depuis 2007”. Et donne pour exemple le début d’incendie de l’ambassade grecque à Prague ou d’une agence pour l’emploi à Vienne. Il évoque également une internationalisation du mouvement, illustré par la vague de colis piégés envoyés aux ambassades et chefs d’Etats européens en novembre dernier.
Rien sur la France. Mis en avant par les pouvoirs publics alarmés par l’exemple grec, le terrorisme d’extrême-gauche n’a pas pris pied dans l’Hexagone, à en croire le rapport.
Comme souvent, les analyses sur le terrorisme en viennent à inclure la confrontation physique entre militants d’extrême-droite et d’extrême-gauche, ou de violences contre des policiers lors de manifestations. Europol semble sortir du cadre des attentats pour s’intéresser à la violence politique en général.
L’organisme européen ne voit pas les actions anarchistes faiblir en 2011, au contraire. Les arrestations en Grèce et les procès en cours – dont celui, calamiteux, de la Conspiration des cellules de feu – “pourraient entraîner des marques de solidarité en Europe. Dès lors, la violence anarchiste devrait continuer à se développer en 2011”. Le rapport envisage une polarisation des groupuscules sur la question des prisonniers politiques et de la répression.
A contrario, Europol considère que le continent n’a pas subi d’attentats de la part des organisations d’extrême-droite en 2010.
“Les incidents qui se sont produits cette année pourraient être qualifiés d’actes extrémistes. Cela pose des questions d’ordre public, mais n’a absolument pas mis en danger les structures politiques, constitutionnelles, économiques ou sociales des Etats-membres.”
Le rapport note une “professionnalisation” de ces groupes, qui comptent sur Internet pour recruter, ce qui pourrait entraîner un élargissement de leur public basé sur la peur de l’immigration nord-africaine.
Camille Polloni
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