Quelques heures avant la libération de Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, l’UMP avait pris soin de publier un communiqué appelant à la libération des otages français. Une manière un peu maladroite de faire oublier l’attitude des responsables politiques pendant les 18 mois de détention des deux journalistes
Prudent. Deux heures avant l’annonce de la libération des otages Hervé Ghesquière et Stéphane Taponnier, l’UMP publie un communiqué de presse. Signé de la main de Jean-François Copé, le secrétaire général du parti, qui nous informe qu’il soutient très officiellement le rassemblement prévu l’après-midi même, place Stravinsky, pour réclamer la libération des otages.
« Jean-François Copé a une pensée particulière pour ces deux compatriotes qui traversent une épreuve extrême, et fait part de toute sa compassion à leurs familles et à leurs proches.
Jean-François Copé salue et s’associe à l’initiative de Reporters Sans Frontières et du comité de soutien aux journalistes qui organisent aujourd’hui à 14 heures, à Paris, place Stravinsky, un rassemblement pour ne pas oublier Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier et sensibiliser à leur sort. »
Sympa Jean-François. Et tellement ému qu’il en fait des fautes de frappe en parlant des 18 mois de « captAtivité ». De là à dire qu’il a été rédigé en urgence… Car c’est la première fois que Jean-François Copé et l’UMP se rangeaient officiellement du côté des otages. Un bon timing, puisque quelques heures après, l’annonce de la libération des deux journalistes tombait.
Le communiqué est aussi une manière pour Jean-François Copé, officieusement candidat à la présidentielle de 2017, de se démarquer des bourdes de ses collègues. Il faut dire que le parti de la majorité n’a pas toujours été tendre avec les deux journalistes.
Une imprudence coupable
Alors que les autorités avaient demandé aux proches et à France 3 de garder le silence sur l’identité des otages, le 1er janvier, soit trois jours après l’enlèvement, le Canard Enchaîné révélait que Nicolas Sarkozy, interrogé sur le sort des journalistes, avait déclaré :
« Ils ne nous ont pas écoutés et maintenant on doit prendre des risques pour eux en envoyant des drones et des forces spéciales. Vos confrères qui ont pris ce genre de risques, on s’en serait bien passés «
Quelques jours plus tard, le 17 janvier, Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Elysée, parlait sur Europe 1 « d’imprudence coupable », soulignant « les risques qu’ils faisaient courir aux forces armées », à cause « du scoop recherché à tout prix« . Parallèlement, Jean-Louis Gergorin, chef d’état major des armées avait pris la peine de préciser que leur libération avait déjà coûté « 10 millions d’euros« .
Le 13 juillet, Nicolas Sarkozy déclarait sur France 2 « Nous ferons tout pour les sortir de la situation où ils se sont mis. », une formulation ambigüe qui avait choqué les proches des deux journalistes. Parallèlement, en juillet 2010, Bernard Kouchner déposait un projet de loi à l’Assemblée, visant à décourager les touristes de se rendre dans les zones à risques. L’article 13 précisait :
« L’Etat peut exiger le remboursement de tout ou partie des dépenses qu’il a engagées, ou dont il serait redevable à l’égard de tiers à l’occasion d’opérations de secours à l’étranger au bénéfice de personnes s’étant délibérément exposées, sauf motif légitime tiré notamment de leur activité professionnelle ou d’une situation d’urgence, à des risques qu’elles ne pouvaient ignorer »
Face à la bronca soulevée, le ministre des Affaires étrangères avait été obligé de préciser que « les journalistes n’étaient évidemment pas concernés« .
Deux heures avant la libération des otages, le communiqué tombe donc à pic. Et candide, il conclut « Nous conservons intact l’espoir de les libérer : l’espoir est le lien le plus fort qui nous unit à eux malgré l’éloignement et l’absence de nouvelles« . Si pour Jean-François Copé, il suffit d’espoir pour que les choses arrivent aussi facilement, il n’a plus aucun souci à se faire pour 2017.