A Paris, une association se mobilise pour trouver un habitat décent aux mal-logés, tout en les aidant dans leurs démarches administratives.
Ivoirienne de 30 ans, mère d’une jolie petite Fiona, 3 ans, Josiane Kouamé occupe depuis août dernier un modeste mais clair deux pièces à Paris, rue Basfroi, dans le XIe populaire et métissé. Le loyer est tout aussi modeste, environ 60 euros à sa charge. Elle doit ce refuge à Solidarités nouvelles pour le logement (SNL), qui gère six autres appartements dans le même immeuble. C’est sa « première maison » depuis dix ans. Josiane officie comme nounou, pour 400 euros mensuels, un revenu non considéré par les agences immobilières.
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Entre chambres de bonne et d’hôtel, Samu social et camping improvisé chez des amis ivoiriens ou chez sa soeur, Josiane a connu la galère.
« Je poussais mes affaires d’un endroit à l’autre dans la poussette de ma fille. Aujourd’hui, j’ai cessé de pleurer. »
45 % des « clients » de SNL sont, comme Josiane, des femmes seules avec enfant(s) et 60 % sont d’origine étrangère. Des pourcentages comparables aux statistiques nationales sur la précarité. Josiane prépare une formation à la sécurité incendie. Surtout, elle sait qu’elle peut compter sur la présence régulière de la douce Maud, la bénévole qui l’accompagne, et qu’elle a adoptée comme sa « petite soeur ».
L’affection réciproque et évidente des deux jeunes femmes émeut. A 29 ans, la Franco-Russe Maud Minoustchin occupe un emploi à plein temps. Et pas des moindres : chercheuse et sociologue chez GDF Suez, elle enquête sur les pratiques des citadins en matière de consommation et d’économie d’énergie.
Ses recherches l’ont amenée à croiser la démarche de SNL, qui partage ses préoccupations. Ainsi, des panneaux solaires sont posés sur le toit de l’immeuble de la rue Basfroi pour le fournir en eau chaude. Assez naturellement, Maud a décidé de consacrer une part de son temps libre à l’association. « A ma petite échelle, si je peux participer à changer un peu la donne… »
Selon la Fondation Abbé-Pierre, il y aurait trois millions et demi de mal-logés en France. Pour la seule capitale, l’estimation la plus conservatrice serait de cent vingt mille, alors qu’il existe un parc important de logements vacants.
Scandale que les militants du collectif Jeudi Noir s’emploient à rappeler en multipliant les squats spectaculaires.
« Sans logement, on ne peut pas se projeter dans une vie professionnelle, familiale ou sociale. Le logement est la condition indispensable à l’épanouissement de chacun. »
Ce propos d’Elise Duchiron, permanente de SNL, dit l’engagement de l’organisation qu’elle représente. Créée en 1988 à l’initiative d’un couple résidant à Paris, avec le soutien d’amis et de voisins, également exaspérés de rester inactifs face à la tragédie croissante des sans-logis, SNL repose sur l’idée d’un réseau d’entraide et de proximité par quartier.
L’association gère aujourd’hui un parc de huit cents logements en Ile-de-France. Il s’agit souvent de petits appartements, acquis, pour près de 70 %, grâce à des subventions publiques et des dons de particuliers.
Elle emploie par ailleurs une cinquantaine de permanents, souvent experts en immobilier (depuis l’évaluation des travaux jusqu’aux montages financiers) ou travailleurs sociaux, appuyés par un millier de bénévoles. Dont Maud, l’amie de Josiane.
Pascal Dupont
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