Trouvant ses origines dans la contre culture californienne des années soixante, le skate et les lieux qui lui sont associés sont devenus un outil de fabrique de la ville. C’est ce que raconte l’exposition d’architecture, Landskating, présentée à la villa Noailles de Hyères jusqu’au 20 mars 2016. Calme plat en mer. Sale temps pour les […]
Trouvant ses origines dans la contre culture californienne des années soixante, le skate et les lieux qui lui sont associés sont devenus un outil de fabrique de la ville. C’est ce que raconte l’exposition d’architecture, Landskating, présentée à la villa Noailles de Hyères jusqu’au 20 mars 2016.
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Calme plat en mer. Sale temps pour les surfeurs. C’est pour retrouver les sensations de la glisse sur l’eau, mais transposées sur le béton, que les surfeurs californiens ont inventé le skate dans les années soixante. Les kids, adeptes de ce qui allait devenir un véritable way of life urbain à l’international, étaient loin d’imaginer que cette pratique deviendrait un vecteur de cultures et changerait notre regard sur la ville et son architecture. C’est cette histoire que prend à bras le corps Landskating, présenté à la villa Noailles.
La première partie de l’exposition est historique. Un ensemble de documents d’archives – principalement des extraits des magazines mythiques Skate boarder et Trasher – témoigne, au gré des publications, des lieux du skate qui tracent une continuité entre l’architecture, sa pratique et ses représentations.
Véritable contre culture urbaine à ses débuts en raison de sa pratique sauvage, le skate développe une esthétique underground et revendique un idéal libertaire. Tout dans la ville devient matière à être « skaté » : les canalisations, les lits de cours d’eau bétonnés et asséchés, ou encore les piscines vides qui deviendront pour les architectes des supports de construction de skateparks officiels.
Le do it yourself, en phase avec des slogans punks, est également de mise. Ainsi, sur le Burnside, un skatepark situé sous un pont autoroutier dans l’Oregon, les skateurs ont crée leurs propres rampes de sauts faites de simples planches. Construit d’abord illégalement, le Burnside sera ensuite approuvé par la ville, un acte qui marquera le début de l’officialisation de la pratique. Car celle-ci dérange l’ordre social et c’est ainsi que naitront les skateparks, aménagés et délimités dans la ville, qui sont autant d’espaces à même de canaliser les bandes de skateurs.
En filigrane de ce premier opus se dégage l’apport spontané du skate à d’autres pratiques artistiques : photographie, mode, graphisme, stylisme… cette street culture s’est aujourd’hui infiltrée partout, y compris chez des grandes marques de luxe. Dans une salle, la diffusion d’une vidéo de l’artiste et skateur Raphaël Zarka complète la compréhension du skatepark en tant que double de la ville.
La deuxième partie de l’exposition présente neuf projets contemporains sous forme de maquettes, plans et photos. Ils nous montrent comment le skatepark est devenu un aménagement paysager construit sur des terrains institutionnels, intégrés dans le vocabulaire urbain et permettant une rencontre entre tous les publics, des skateurs jusqu’aux simples promeneurs.
Fidèle à sa tradition prospective, Landskating se termine par une salle consacrée à un travail de commande auprès de quatre jeunes photographes – Olivier Amsellem, Maxime Delvaux, Stéphane Ruchaud et Cyrille Weiner – missionnés pour saisir une trentaine de skateparks partout en France.
Passée d’un statut de contre culture à celui de culture de la rue plus officielle et que les institutions cherchent à cadrer, l’histoire du skate interroge. Toutefois, Landskating, exposition audacieuse et roborative, montre que ce programme est on ne peut plus d’actualité tant il est pertinent pour occuper les interstices de la ville dont ces mêmes institutions ne savent que faire.
Landskating, exposition d’architecture, du 21 février au 20 mars 2016
Catalogue de l’exposition, 126 pages, édité par la Villa Noailles en partenariat avec Archibooks – 30 €
www.villanoailles-hyeres.com
Sophie Trelcat
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