Ringarde à souhait il y a quelques années, l’inscription calligraphique marque le début d’une nouvelle ère chez Guy Laroche. La mode est une dialectique entre passéisme et futurisme, bon et mauvais goût. Et quand la marque Guy Laroche, longtemps alliée des bourgeoises friponnes (souvenez-vous de la robe portée par Mireille Darc en 1972 dans Le […]
Ringarde à souhait il y a quelques années, l’inscription calligraphique marque le début d’une nouvelle ère chez Guy Laroche.
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La mode est une dialectique entre passéisme et futurisme, bon et mauvais goût. Et quand la marque Guy Laroche, longtemps alliée des bourgeoises friponnes (souvenez-vous de la robe portée par Mireille Darc en 1972 dans Le Grand Blond avec une chaussure noire, qui dévoilait la naissance de son postérieur), cherche à se redéfinir, elle brise quelques tabous.
Lors de la fashion week, la marque a présenté sa première collection sous la direction d’Adam Andrascik, créateur américain basé à Londres et connu pour ses lignes futuristes et dystopiques. Pour chahuter son public et les médias, le jeune homme fait un choix simple mais radical : il calligraphie des idéogrammes sur un manteau. Ringard ou visionnaire ? “C’est précisément cette tension entre l’élégance et le mauvais goût de ce symbole qui me passionne”, explique-t-il.
Il dit s’inspirer avant tout du film de Peter Greenaway The Pillow Book (1996), oeuvre sensuelle autour de la fille d’un calligraphe qui se fait peindre le corps. A cette référence affriolante se greffent nos souvenirs de mode orientaliste fin de siècle – les kimonos de John Galliano, le maquillage de geisha de Björk… Mais c’est chez les raveurs que vient échouer cette tendance – ou sous forme d’un tatouage sur votre épaule, souvenir d’un week-end éméché à Brighton. Rassurez-vous, cette lettre mystérieuse (qui, vous l’avez découvert depuis, signifie “nouille” et non pas “paix”) n’a plus à vous causer d’embarras. Cet été, vous porterez à nouveau un débardeur, fier de votre body-art maintenant d’avant-garde.
Car porter le signe chinois aujourd’hui n’est pas comparable à ces réappropriations passées et colonialistes. Depuis le XVIIe siècle, la mode occidentale s’entiche de “chinoiseries”, soies luxueuses et coupes droites que Paul Poiret sublimera en robes gracieuses au début du XXe siècle, ou que Loulou de la Falaise adaptera en symbole bohème dans les années 70. Aujourd’hui, la Chine, leader de luxe certes, mais aussi terre d’avant-garde naissante, devient l’objet et le sujet de sa réappropriation – transformant la calligraphie ci-dessus en lieu d’hybridation pionnière.
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