Le Samu n’avait pas pris au sérieux l’appel de Naomi Musenga, 22 ans, moquée par deux opératrices. Elle est décédée le 29 décembre dernier à l’hôpital de Strasbourg.
Le scandale est venu d’un site d’information local alsacien baptisé Heb’di. C’est lui qui a mis en ligne il y a déjà plusieurs jours un enregistrement audio troublant : on y entend Naomi Musenga, jeune maman de 22 ans, appeler le Samu (Service d’aide médicale urgente) pour se plaindre de douleurs, et récolter les moquerie de ses deux interlocuteurs. L’authenticité de ce document a été confirmée par l’hôpital qui a pris en charge la patiente.
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“Oui, vous allez mourir un jour, comme tout le monde, O.K. ?”
Parmi les échanges que l’on entend sur cet enregistrement, ponctué de rires gras des deux opératrices, celui-ci : “J’ai très mal. Je vais mourir”, soupire la jeune femme. “Oui, vous allez mourir un jour, comme tout le monde, O.K. ? Vous appelez SOS Médecins, je ne peux pas le faire à votre place”, réplique sèchement la personne du Samu. Par la suite, elle a réussi à joindre SOS Médecins après cinq heures d’attente, qui l’a renvoyée vers le Samu. La jeune femme est morte quelques heures plus tard, le 29 décembre, après avoir fait deux arrêts cardiaques.
Mort de Naomi, 22 ans : le scandale qui secoue le Samu > https://t.co/IfPhCjPF2u (via @le_Parisien) pic.twitter.com/a3RzwH5vJK
— Briac Trébert (@BriacTrebert) May 9, 2018
D’après le rapport d’autopsie, que Le Monde s’est procuré, elle est décédé après une “défaillance multiviscérale sur choc hémorragique”, et il est encore impossible de savoir si le défaut de prise en charge initial a aggravé sa situation. Mais le Samu est clairement secoué par ces révélations. La mère de Naomi, qui est aide-soignante, est « choquée » par le traitement dont sa fille a fait l’objet : “Est-ce que le SAMU est toujours à sa place ou est-ce que c’est SOS médecins qui devient le SAMU ou encore les pompiers ?”, interroge-t-elle.
“Il est vraiment urgent de moderniser nos prises en charge”
Pour le vice-président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France, Patrick Hertgen, le problème dépasse le cas de Naomi : “Le fait que Naomi n’a pu parler à aucun médecin est une anomalie, qui n’est hélas pas exceptionnelle. Sapeurs-pompiers et SAMU doivent pouvoir mieux travailler ensemble et perfectionner leurs procédures de traitement des appels afin qu’un tel drame ne se reproduise plus”, déclare-t-il au Monde.
François Braun, président de Samu Urgences de France, pointe également au micro de France Info des dysfonctionnements : “Il est vraiment urgent de moderniser nos prises en charge, de sécuriser l’ensemble des prises en charge pour les appels au Samu”, affirme-t-il. “Normalement tout appel est transmis à un médecin régulateur. C’est ce médecin qui prend les décisions suite à un interrogatoire médical et dans ce cas l’appel n’a pas été transmis au médecin”, dénonce-t-il. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé qu’une réunion à ce sujet se tiendra dans les jours qui viennent au ministère.
Je suis profondément indignée par les circonstances du décès de Naomi Musenga en décembre. Je tiens à assurer sa famille de mon entier soutien et demande une enquête de I'IGAS sur ces graves dysfonctionnements. Je m'engage à ce que sa famille obtienne toutes les informations .
— Pr Agnès Buzyn (@agnesbuzyn) May 8, 2018
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