Alors que le gouvernement a, depuis une décennie, facilité l’achat de smartphones en Corée du nord, l’État entreprend désormais une campagne pour prévenir les « répercussions néfastes » de cet outil.
Depuis 2008, le nombre de téléphones portables en circulation en Corée du nord aurait atteint les six millions d’exemplaires, dans une population de 25 millions d’habitants. Ce chiffre est avancé par le gouvernement sud-coréen. Depuis dix ans, le ministère de la Communication de Corée du nord a passé un accord avec la compagnie de télécommunication égyptienne Orascom pour fournir le réseau nécessaire. Pourtant, les autorités de Pyongyang entreprennent de mener une campagne contre cet outil qui peut nuire, notamment, au contrôle de l’information par l’État.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Des « répercussions négatives » mondiales
Mardi 18 décembre, le principal journal du pays, sous contrôle de l’État, Rodong Sinmun, a publié un article concernant les « répercussions néfastes » qu’aurait entraîné, selon le journal, dans les écoles du monde entier, l’introduction de téléphones portables auprès de la jeunesse : du téléphone qui sonne en classe à la diffusion de contenus pornographiques, en passant par la tricherie durant les examens, toutes les « calamités » supposées de cette nouvelle technologie sont exposées sur la place publique. L’auteur conclut dans l’article :
« Cela prouve que les téléphones portables ont ouvert un boulevard pour une idéologie malsaine dans les esprits des étudiants […] La plupart des éducateurs et des parents à travers le monde ont conscience que les différentes discours corrompus et réactionnaires qui se répandent par cet outil perturbent les étudiants alors qu’ils se forgent les valeurs qui les guideront au cours de leur vie. »
Un début d’ouverture
L’État nord-coréen insiste, à travers ces articles, sur la dépravation induite par les téléphones portables : « Plus sérieux encore est le fait que des messages érotiques, des romans ou des fichiers vidéos, autant que les jeux électroniques avec des contenus violents, se répandent désormais sans limites ». Si les smartphones et ordinateurs nord-coréens sont encore coupés du réseau internet mondial, les émissions de radio et de télévisions étrangères commencent à être diffusées, distillées dans une propagande gouvernementale abondante.
Les émissions de télévisions, notamment les téléfilms de Corée du sud et de Chine, sont consommées de plus en plus par le public nord-coréen. Au parlement, en novembre 2018, le ministre sud-coréen de l’unification a indiqué que des clips musicaux, notamment du groupe BTS, un « boys band » de la K-pop, est présent sur les smartphones des voisins septentrionaux. Malgré le contrôle des réseaux, il est possible pour les détenteurs d’un smartphone en Corée du nord, d’avoir accès aux réseaux chinois et sud-coréens, en se rapprochant suffisamment des frontières.
Une contradiction d’État
Les téléphones portables sont, malgré ce discours, également une source de revenu pour le gouvernement qui vend des modèles chinois, assemblés en Corée du Nord à partir de composants étrangers. Kim Jong-un lui-même s’est affiché à son bureau de travail, un smartphone en évidence à côté de lui et a visité une usine d’assemblage de téléphones.
{"type":"Banniere-Basse"}