Trois ans de prison ont été requis contre Lacrim dans une affaire de trafic de cocaïne et de possession d’armes à Marseille le 17 mars. Alors qu’on le pensait révolu, son passé de taulard semble le rattraper. Retour sur une carrière en alternance entre la scène et la zonzon.
La légende noire qui entoure le rappeur Lacrim n’est pas près de s’estomper. Ce mardi 17 mars trois ans de prison ont été requis contre lui à Marseille pour détention et transport d’armes dans une affaire de trafic de drogue. Ses empreintes ont été retrouvées sur des chargeurs de fusils d’assaut et sur une kalachnikov. Selon lui, il les aurait déposées lors du tournage du clip de « Viens, je t’emmène », dans une carrière du quartier de l’Estaque à Marseille. L’arme apparaît en effet à 1 minute et 8 secondes dans le clip de ce morceau sorti en 2012, où Lacrim tire une rafale de balles réelles.
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L’arme réelle : une « stratégie commerciale »
La présence de cette arme réelle dans ce clip aurait été requise par « stratégie commerciale », a déclaré le rappeur devant le juge d’instruction. Au passage il avait confessé, un brin provocateur : « Je vais vous dire la vérité. A Marseille, c’est plus facile de trouver une vraie Kalachnikov qu’une fausse. » Pour l’instant aucun lien n’a été établi entre lui et les neuf autres prévenus.
Selon le président du parquet du tribunal correctionnel de Marseille, Lacrim, de son vrai nom Karim Zenoud, originaire de Chevilly-Larue (Val-de-Marne), « surfe sur la logique de la violence ». Lacrim a déjà été condamné par le passé, et s’il semblait avoir fait amende honorable depuis sa sortie de prison, cette affaire fait dire au représentant du tribunal qu’il a repris « le même filon de la violence ». Un mandat d’arrêt a été ordonné contre lui, alors qu’il ne s’est pas présenté devant le tribunal où il était appelé à comparaître.
Une carrière de rappeur commencée en prison
Le rappeur en cavale a fait de son passé pénitentiaire sa carte de visite. Il assume régulièrement dans ses interviews ses passages par la case prison. Cette carrière dans la délinquance a commencé très tôt : il avait seize ans lors de sa première incarcération. C’est par ce chemin détourné qu’il commence à rapper. Il fait ses premiers featurings avec le rappeur Mister You, qu’il rencontre dans l’univers carcéral. C’est depuis sa cellule qu’il sort ainsi des morceaux avec Mister You, Hayce Lemsi ou encore Jul.
Interrogé par Libération en 2014, il racontait cette séquence en ces termes :
« J’ai commencé à rapper un peu par accident. J’avais des potes qui rappaient, je venais kiffer le son, je fumais un joint ou deux. Premiers morceaux vers 2007-2008. J’avais un pote, Mister You, qui était déjà parti pour tout niquer. Il m’a fait venir sur son projet, Présumé Coupable, ça, c’était en 2009-2010. J’ai fait un morceau tout seul, qui a fait beaucoup de bruit. Il y a un micropublic qui a grandi avec moi. Et puis, j’ai sorti mon premier street album en 2012, Faites entrer Lacrim. »
Installé à Marseille depuis 2009, il décide de se consacrer entièrement au rap pour échapper à la tentation de l’illicite. Mais il est finalement rattrapé par une condamnation pour braquage : il écope de quatre ans et sept mois avec sursis.
Arrête-moi si tu peux ?
Depuis sa cellule, il signe un contrat avec Def Jam France. Après huit mois de prison, il sort le 23 juin 2014, et termine sa peine avec un bracelet électronique. C’est dans ce contexte qu’il écrit son dernier album, Corleone, sorti en septembre 2014. Il relate son expérience dans les prisons françaises dans OZ, alors qu’il est sous contrôle judiciaire jusqu’en mars 2015.
Mister You, le rappeur avec qui il a collaboré à ses débuts, s’était fait connaître en 2009 en enregistrant une mixtape sous le titre Arrête You si tu peux, dans laquelle il narguait ouvertement les forces de l’ordre qui ne parvenaient pas à le localiser alors qu’il était en fuite. Lacrim est bien parti pour faire lui aussi courir la police. Lorsque nous l’avions rencontré en septembre 2014, il se remémorait amèrement son incarcération.
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