Fini les sacs à patates arty, en avant le minimalisme empreint d’histoires et de secrets enfouis. Une jeune femme évolue dans un nuage blanc et mousseux, un pantalon fluide et des baskets Stan Smith. Cette silhouette épurée, portée par un mannequin sans maquillage au physique androgyne, est pourtant délicatement conceptuelle. Elle est issue du défilé […]
Fini les sacs à patates arty, en avant le minimalisme empreint d’histoires et de secrets enfouis.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Une jeune femme évolue dans un nuage blanc et mousseux, un pantalon fluide et des baskets Stan Smith. Cette silhouette épurée, portée par un mannequin sans maquillage au physique androgyne, est pourtant délicatement conceptuelle. Elle est issue du défilé parisien de prêt-à-porter automne-hiver 2014-2015 de la marque Jacquemus. Son fondateur, Simon Porte (actuellement un des douze nominés du prix LVMH pour les jeunes créateurs de mode), a choisi d’y abriter une démarche discrètement enfantine : “C’est l’incarnation vivante d’un dessin d’enfant qui trace un grand rond, avec des bras et des jambes qui en sortent comme des bâtons”, explique-t-il après son show.
Son esthétisme, faussement sobre et franchement ludique, en est l’exemple parfait. Après des années d’austérité impulsée par leurs aînés, Céline en tête (le chic prônant un dépouillement au service d’une fonctionnalité pure), une nouvelle génération lance sa riposte post-postmoderne. Quand certains se replongent dans un bling jovial qui flirte avec le kitsch (l’Italien Fausto Puglisi pour Ungaro ou le Français Olivier Rousteing pour Balmain), ce minimalisme 3.0 fait mouche parmi des marques à la pointe à Tokyo, Londres ou Paris.
Sous couvert d’une apparence chaste, détails techniques, références historiques ou culturelles et narrations personnelles (Sacai et ses cols en dentelle et doublure quasi invisibles, Simone Rocha et ses poches XXL camouflées dans des robes néo-Nouvelle Vague…) viennent piquer le vêtement d’une enveloppe sémiotique connue par le porteur seul. Le résultat ? Une redéfinition radicale du luxe actuel. Le vêtement postminimaliste est avant tout au service du client. Il renoue avec la tradition ancienne de haute couture et de tailoring : comme les tailleurs de Savile Row se plaisaient à dissimuler des poches cachées pouvant contenir, ni vu ni connu, une fiole ou un pistolet, il crée avec des détails secrets un dialogue privilégié entre l’habit et son porteur. Le chic redevient enfin intime.
Alice Pfeiffer
{"type":"Banniere-Basse"}