Le Post se classe au treizième rang des sites d’info. Mais entre rumeurs de vente et départ du rédacteur en chef, l’incertitude règne.
Si Benoît Raphaël quitte la direction du Post, il assure qu’il n’y a là nul désaveu du site participatif qu’il a contribué à créer en septembre 2007. Plutôt l’envie de faire autre chose. Un départ qui contribue à alimenter les incertitudes autour du site dont la situation au sein du Groupe Le Monde paraît incertaine.
Lancé par le Monde interactif, Le Post aurait été mis en vente en raison de ses pertes (environ 1,5 millions d’euros de déficit en 2008). Une offre qui attise les convoitises de candidats au rachat comme Pierre Bergé ou Jacques Rosselin, cofondateur de Courrier international et de Vendredi. Ce qui n’empêche pas le directeur du Monde interactif, Philippe Jannet, d’affirmer que le groupe n’a pas l’intention de se séparer du Post…
En interne, les choses sont loin d’être claires. Lemonde.fr a du mal à se positionner vis-à-vis d’un site qui réalise de très bons chiffres d’audience : en 2009, Le Post se classe comme 13e site d’information avec 2,8 millions de pages vues, devant liberation. fr (15e) ou Rue89 (21e). Pourtant, sa ligne éditoriale qui met l’accent sur les faits divers n’est pas sans heurter des journalistes du quotidien qui verraient sa cession d’un bon oeil. Un journaliste du Monde rapporte qu’en interne on aime à rappeler la phrase d’un collègue qui, dans Libération, avait qualifié Le Post de “verrue sur le profil grec du Monde”…
Cela n’est rien à côté des critiques que Le Post a dû essuyer à ses débuts. Son fonctionnement – une tribune de libre expression pour les blogueurs – a été assimilé à une dérive de l’info participative.
“Le concept du Post, explique Benoît Raphaël, a été dès le départ de s’appuyer sur la logique des médias sociaux et d’y accrocher une rédaction qui produit de l’info. L’idée était de créer un média qui décomplexe les gens par rapport à l’information, qu’ils perçoivent souvent comme étant le produit d’une intelligentsia parisienne éloignée de leur réalité.”
D’où une classification sur le site entre infos “brutes” ou “vérifiées par la rédaction” qui a alimenté les critiques sur les risques de désinformation. “Pas plus que sur internet en général, rétorque Benoît Raphaël, où tout internaute doit faire le tri. On a voulu privilégier l’émotion et le partage d’expérience, par rapport à l’analyse, ce qui était nouveau à l’époque. L’image du Post a souffert de la cohabitation avec Le Monde : on aurait été hébergés par Le Parisien, tout le monde aurait trouvé ça normal !”
De fait, Le Post a rapidement rencontré un grand succès auprès d’un public plutôt jeune et la croissance de sa communauté atteste de sa popularité : il compte aujourd’hui environ 40000 membres, 3000 posteurs actifs et 300 très actifs, chaque journaliste se constituant une communauté de posteurs avec laquelle il travaille.
Une démarche qui a tenu malgré ses détracteurs un rôle de laboratoire auprès de son “grand frère” lemonde.fr, qui s’en est inspiré en intégrant davantage de blogs et en donnant aux abonnés, depuis janvier 2010, la possibilité de créer une page perso.
Guy Birenbaum, un des blogueurs les plus connus du Post, qui le quitte également, promet un bel avenir à l’info participative : “En 2009, j’ai totalisé 3,5 millions de visiteurs uniques. Et je ne compte pas le nombre de posts que je dois à des internautes qui m’ont apporté des infos, signalé des liens…” Une aventure qu’il continuera sur son blog guybirenbaum.com, accomplissant le chemin inverse des blogueurs qui avaient ouvert la voie en 2001.