Elles ont le même âge, et leurs deux chambres comportaient un poster grandeur nature de Michael Jackson sur la pochette de « Bad »; les deux ont dévoré Titanic, Clueless et Beverly Hills. Et pourtant, hormis ces quelques détails, rien ne pourrait laisser penser que ces deux femmes aient quoi que ce soit en commun. L’une est […]
Elles ont le même âge, et leurs deux chambres comportaient un poster grandeur nature de Michael Jackson sur la pochette de « Bad »; les deux ont dévoré Titanic, Clueless et Beverly Hills. Et pourtant, hormis ces quelques détails, rien ne pourrait laisser penser que ces deux femmes aient quoi que ce soit en commun. L’une est allée voir Neverland de près pour ses 14 ans, l’autre non. L’une a vraiment vécu comme dans Beverly Hills, l’autre non. La première, c’est Kim Kardashian. La seconde, c’est Céline Sciamma, brillante réalisatrice de La naissance des pieuvres, Tomboy et Bande de filles.
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Dans le dernier numéro du magazine Elle, sorti le 27 mars, Céline est allée rencontrer Kim. Où l’on voit que les mondes de deux filles, passées maîtres(ses) dans l’art de se réapproprier le corps de la femme, peuvent se calquer l’un sur l’autre.
Cette fille que personne ne connaît vraiment
« La plupart des gens la connaissent parfaitement anatomiquement mais seraient sans doute incapables de donner son âge, 34 ans, ni de dire quel est son métier. Peut-être que nos lacunes sont entretenues par Kim elle-même. Quand je constate la facilité avec laquelle elle se livre, je comprends que ce sont simplement des questions qu’on ne lui pose jamais ».
Kim Kardashian fait partie de ces stars que l’on voit partout, qui sont célèbres parce qu’elles sont célèbres. Comme la décrit Céline Sciamma, Kim est une « addition de rapports d’activités quotidiens », »un personnage sans destin » pré- fabriqué. Il ne lui reste plus qu’à creuser…
Les icones culturelles des années 80
« L’adolescente Kim Kardashian ne rêvait pas d’être célèbre. Non, son projet, du plus loin qu’elle se souvienne, c’était d’avoir une boutique de vêtements. C’était le métier de sa grand-mère, qu’elle a vue travailler toute sa vie. Lorsqu’on leur propose de faire de la télé, les sœurs Kardashian ont leur objectif textile en tête. Elles acceptent en pensant que ce serait une superbe stratégie de communication ».
Féminine avant l’heure grâce à ses « fameux attributs » gagnés à 14 ans, Kim est une ado timide, qui évolue dans la culture arménienne de sa famille et grandit auprès de Robert Kardashian, son père, également avocat d’O.J Simpson. Céline Sciamma découvre qu’à 34 ans toutes les deux, leur enfance est teintée des mêmes icones populaires, comme le poster en taille réelle de la couverture de l’album « Bad » de Michael Jackson.
« C’est celui qui, dans la pénombre, donnait l’impression qu’il y avait un homme là, dans la chambre. L’effet d’optique qui faisait peur à Kim la nuit, je m’en souviens. A cet instant, la culture populaire remplit sa mission, réunissant ceux qui n’ont rien à voir par ce qu’ils ont vu ».
Le corps de la femme vue par Kim et Céline
Forcément, la rencontre amène un sujet de discussion attendu: la vision que ces deux personnalités ont des femmes. Surprise, la réalisatrice apprend que Kim Kardashian souhaitait attendre d’être enceinte de son deuxième enfant avant de se teindre en blonde. Mais l’enfant tardant à arriver, la star hollywoodienne a décidé de reprendre possession de son corps en s’autorisant cette décoloration, interdite aux femmes enceintes.
« Reprendre le pouvoir sur son corps, l’affirmer : c’est ce qu’elle ne cesse de faire, de plus en plus, comme des étapes thérapeutiques de la confiance en elle, énonce Céline Sciamma. Pourtant il y a des gestes forts et je lui remémore ce passage d’un épisode de sa série qui m’a marquée : elle y parle avec ses soeurs de son retour de la maternité. Elle leur raconte qu’une des première schoses qu’elle a faites en rentrant, c’est de regarder son vagin dans un miroir. Elle ne s’arrête pas là, elle va au bout de l’histoire : ce vagin, elle l’a trouvé mieux qu’avant ».
Lorsqu’elle demande à son interlocutrice américaine si elle se considère comme féministe, la star lui répond que non, « elle ne prendrait jamais le mot à son compte, parce qu’elle ne pense jamais en ces termes ».
« Ce qu’elle fait, elle le fait pour elle. Kim Kardashian est une fille qui fait ce qu’elle veut, ce qui lui plait » résume Sciamma. Mais aussi une fille qui partage tout avec ses fans, sans attendre qu’on la sollicite.
« Kim est consentante. Elle converse. Elle publie du fan art. Elle félicite les Tumblr qui lui sont consacrés. Cherchez d’elle une photo volée sur Google Images : il n’yen a pas. Parce qu’on ne lui vole rien. Elle donne tout ».
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