L’hebdomadaire Le Point a encore frappé ! Cette fois, pas de une racoleuse sur l’Islam envahisseur, les juifs mystérieux ou les francs-maçons partout infiltrés. Non. Franz-Olivier Giesbert est allé plus loin. Il a dépassé les bornes. Voyez plutôt : son hebdo a osé mettre en évidence le visage ridé et réjoui d’un octogénaire posant cravate au vent. […]
L’hebdomadaire Le Point a encore frappé ! Cette fois, pas de une racoleuse sur l’Islam envahisseur, les juifs mystérieux ou les francs-maçons partout infiltrés. Non. Franz-Olivier Giesbert est allé plus loin. Il a dépassé les bornes. Voyez plutôt : son hebdo a osé mettre en évidence le visage ridé et réjoui d’un octogénaire posant cravate au vent. Shocking… Mais finalement assez prévisible. Car au cas où vous ne le sauriez pas encore, les seniors sont devenus à la mode. Avant même les quinqua dans la force de l’âge, ce sont bien les seniors de 75 à 90 ans qui dirigent la France. Au creux de leurs mains fripées se concentrent en effet beaucoup d’atouts : un très fort pouvoir d’achat, des postes à responsabilité et toute la sainte mémoire d’un temps que les moins de vingt ans n’ont jamais connu : celui d’avant la crise…
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Le plan machiavélique des seniors pour garder le pouvoir…
Né en 1987, l’irrespectueux auteur de ces lignes ne comprend plus rien au monde comme il va. Candide, il pensait que la jeunesse représentait l’avenir, qu’il fallait la choyer, qu’on l’accueillerait à bras ouvert partout où la pensée prévaut puisque, depuis Corneille, l’on sait qu’« aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années »…
Foutaises ! Nous autres les jeunes sommes sciemment mis de coté. Tout cela relève d’un plan machiavélique, d’une véritable conspiration fomentée par nos aïeux. Derrière l’omniprésence du troisième âge aux postes à forte exposition médiatique, il y a un plan, très simple, qui se déroule en deux temps. Celui-ci vise à 1/ ne jamais lâcher le pouvoir et 2/ ne surtout pas former la jeune génération. Lâchée dans la nature, cette dernière doit donc se débrouiller comme elle peut, apprendre sur le tas et se former sans maitre puisque les vieux d’aujourd’hui ne sont plus que des êtres avides d’image et de viagra.
Face à cette gérontocratie castratrice, le jeune ne doit jamais rien réclamer. Il doit se taire et écouter. Vous me direz que quelques-uns tirent tout de même leur épingle du jeu. Ils sont, au choix, des exceptions douées ou des « jeunes vieux ». Jeunes par l’Etat civil mais vieux par l’esprit. Les gérontes fixent des règles : Ils exigent de la nouvelle garde sagesse, mesure et retenue. Pas de vague, malheureux ! Surtout pas de vague…
Une hype des seniors qui cache le désarroi de la jeunesse
La hype des seniors, Frédéric Taddeï, le trend-setter de France 3, l’avait anticipée. Voilà quelques semaines, il conviait sur le plateau de Ce soir ou jamais un cortège de vieillards menaçant de trépasser en direct. L’initiative interloqua Twitter. Charmante au premier abord, l’idée s’est vite révélée sordide. Cela marmonnait. Cela montait le son de son sonotone. Cela parlait du temps jadis. Drolatique ou consternant, un épisode résume à lui seul l’ambiance de la soirée : lorsqu’on se mit à évoquer le souvenir de « 89 », ce n’était pas de 1989 qu’on parlait, mais bien de 1789… Malaise.
Flairant la nouvelle mode, Le Point a donc emboité le pas du présentateur des soirées chics et débraillées du Service public. Impertinente et sûre de sa force, la mine rieuse d’un Jean d’Ormesson toujours vif s ‘exposait en une de l’hebdomadaire. Le titre ? « Ces 80 ans et plus qui nous bluffent. LES VRAIS JEUNES ».
Mais attendez un peu… Si d’Ormesson et le reste de son gang (Philippe Bouvard, Stéphane Hessel, Philippe Tesson ou Edgard Morin) sont les jeunes de notre temps, cela voudrait dire que nous, individus de 25 à 40 ans, nous serions les FAUX JEUNES ? Allons au bout de la logique. Aux « seniors » le culot, la fraicheur d’esprit et les postes enviables. Et quel sort pour les naïfs chevelus et boutonneux que nous sommes ? Le corset étouffant des normes et des conventions, les stages peu rémunérés et les contrats à durée déterminée ? Tout cela, Le Point ne l’évoque jamais… C’est dommage.
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