La presse papier pourrait disparaître d’ici 10 ans aux États-Unis, selon le PDG du “New York Times”. Une transition vers le numérique déjà bien amorcée, comme en témoignent les bons résultats en ligne du quotidien.
Il va falloir changer de devise. « All the News That’s Fit to Print« , « Toutes les nouvelles qui méritent d’être imprimées » s’affiche fièrement, depuis plus d’un siècle, dans le coin gauche de la Une du New York Times. Un mot d’ordre qui risque de devenir anachronique, alors que l’abandon du support papier est annoncé d’ici une dizaine d’années par son président.
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Dans une interview accordée lundi à la chaîne américaine NBC, le PDG du journal Mark Thompson a en effet estimé que d’ici 10 ans la presse papier serait totalement supplantée par le web aux États-Unis. Une mutation d’envergure que le New York Times compte bien accompagner.
2,64 millions d’abonnés numériques
Tout en affirmant qu’il espérait voir le format papier survivre aussi longtemps que possible, le PDG de ce quotidien de référence a reconnu que d’un point de vue financier, le modèle de l’imprimé n’était plus viable sur le long terme. A contrario, les perspectives de croissances pour le numérique sont encourageantes. Dans un communiqué publié le 8 février 2018, le journal a annoncé le chiffre de 2,64 millions d’abonnés numériques, soit une hausse de 41,8 % en un an. Un élément d’autant plus important que les abonnements représentent 60 % du chiffre d’affaires annuel du groupe, contre 33 % pour la publicité.
S’agit-il là d’un hausse structurelle, ou conjoncturelle ? Ou, en d’autres termes, plus caustiques, qui sont ceux de l’animateur de la NBC : « Est-ce que Donald Trump est la meilleure chose qui soit jamais arrivée au New York Times ? ». Il faut dire que depuis le président américain a décerné au quotidien la seconde place du « journal le plus mensonger » à l’occasion de ses « fake news award« , les recettes ont bondi. De même, et de l’aveu même de Mark Thompson, l’affaire Harvey Weinstein qui a ces derniers mois fait couler beaucoup d’encre (numérique), a joué sur les bons résultats de la fin de l’année 2017.
Un nouveau modèle économique
Pour autant, on ne génère pas un chiffre d’affaires de 340 millions de dollars sur un simple coup de pub. Au-delà d’un « effet Trump ou Weinstein », ces bons résultats s’inscrivent dans une stratégie de longue date du quotidien. Comme le retrace L’ADN, c’est en 2013 que le nombre d’abonnés en ligne est passé pour le première fois au-dessus de celui des abonnés papier. Un renversement symbolique encouragé par la politique d’abonnement du site, qui propose une grande variété de formules, afin de pérenniser son lectorat.
Le modèle par abonnement est aussi, pour Mark Thompson, « un moyen efficace de soutenir [les] ambitions journalistiques » du New York Times. Et une garantie de fidélité à la ligne éditoriale, en dépit du changement de support. Après des années de difficultés pour la presse historique, les pronostics encourageants du New York Times dessinent un avenir possible pour la presse payante en ligne. Car en fin de compte, tout ce qui mérite d’être lu n’a pas besoin d’être imprimé.
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