Le réseau social n’a jamais pu investir les réseaux chinois. Mais l’obtention récente d’une licence pour ouvrir un bureau dans le pays du Milieu aurait pu bien changer la donne.
La nouvelle était de celles qu’on ne prenait plus le temps d’attendre. Et pourtant, Facebook avait bien décroché une licence pour établir un bureau en Chine ce mercredi 25 juillet, comme le raconte The Washington Post. Il devait prendre la forme d’une filiale de 30 millions de dollars. Une bagatelle pour la compagnie de Mark Zuckerberg, à la capitalisation boursière estimée à 571 milliards de dollars, mais un pas de géant dans l’histoire de sa difficile relation avec le pays du Milieu.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Mais un pas à prendre à la légère. Le Chine reste fermée, pour l’instant. Le but la filiale étant avant tout de de créer un « hub », ou centre d’innovation pour « aider les développeurs, innovateurs et start-up chinois » selon Facebook. « Nous avons fait la même chose dans plusieurs parties du monde – France, Brésil, Inde, Corée du Sud – et nos efforts se sont concentrés sur des formations et ateliers aidant ces développeurs et entrepreneurs à innover« , complète-elle.
Un geste manqué et des séductions envolées
Mais voilà, ce qui aurait pu être un joli coup pour mettre un coin dans la porte risque de se révéler peu fructueux. A peine 24 heures plus tard, de nombreux rapports ont remarqué la disparition de cette licence de la base de données du gouvernement, selon le New York Times. Le média transatlantique évoque des désaccords entre officiels de la province de Zhejiang, dans laquelle le bureau devait être, et l’Administration chinoise de la cybersécurité. En colère, cette dernière reproche de n’avoir pas été assez consultée sur le sujet.
Facebook devra attendre avant d’obtenir ce qui aurait pu être un premier bastion pour une potentielle nouvelle conquête. Un acte manqué pour Mark Zuckerberg qui a pourtant multiplié les opérations « séductions » à l’encontre de Pékin. Il y a deux ans à peine, une photo le montrait courir à travers la place Tiananmen, sans masque, un jour où la pollution était 12 fois le niveau maximal d’exposition recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Et pour amadouer cet amour frustré, il a même appris le mandarin et aurait pris le temps de lire tous les discours du président chinois, Xi Jinping. Mais pour l’heure, Marc Zuckerberg devra se contenter de ses bureaux déjà présents dans l’enclave de Hong-Khong. Une mésaventure dont il se serait d’ailleurs bien passé. Ce jeudi 26 juillet, le titre de l’entreprise s’est effondré à la bourse de New-York, enregistrant une perte de 97 milliards d’euros en quelques minutes, suite à la publication des comptes du deuxième semestre.
For years Mark Zuckerberg has had no luck getting Facebook into China (despite learning Mandarin and jogging across Tiananmen Square). But maybe his luck is changing. https://t.co/x3Y9OcFtBq
— NYT Business (@nytimesbusiness) July 24, 2018
Une muraille qui ne tombe pas
Difficile d’imaginer qu’on puisse être quotidiennement connecté sans jamais tomber sur Facebook, même par mégarde. Pourtant, les utilisateurs chinois ne connaissent de réseau social que les noms Weibo, Renren ou Youku, largement ignorés en France. Des réseaux souvent placés sous le regard acéré et attentif du gouvernement.
Puisque c’est de contrôle dont il s’agit. Plus que jamais, et depuis que Xi Jinping a modifié la Constitution de manière à pouvoir être « président à vie » en mars dernier, la Chine souhaite garder le contrôle d’internet et de ce qui s’y dit. D’où la lente et périlleuse entrée d’autres grands groupes américains œuvrant sur le net. Google, ayant lui aussi son entrée refusée, a promis qu’il investirait 550 millions de dollars dans la compagnie chinoise de e-commerce, JD.com. D’autres, comme Linkedin, maintiennent leur fragile présence… au prix d’une censure de certains contenus désignés par Pékin. Twitter, Instagram et la messagerie instantanée Whatsapp font également encore et toujours partis des refoulés.
{"type":"Banniere-Basse"}