Le mystère des navires fantômes provenant de Corée du Nord qui s’échouent au Japon

De mystérieux « navires fantômes » échouent, depuis des années, sur les côtes japonaises. A leur bord, les corps décomposés d’anonymes nord-coréens. Face à l’augmentation des naufrages, on s’interroge. Que sont ces bateaux venus, vraisemblablement, du pays de Kim-Jong Un, et que transportent-ils ?

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En novembre dernier, 5 bateaux ont été découverts, le long des côtes du Japon, portant le nombre à plus de 40 sur l’ensemble de l’année, selon la chaîne Anglaise Sky News. Ils étaient 27 en 2015, 66 en 2016. Depuis 2013 – année où l’on en avait recensé 80 – le rythme des naufrages au Pays du Soleil Levant ne faiblit pas.

Le 23 novembre dernier, huit hommes ont été retrouvés vivants et ont pu être secourus, sur les rives de la préfecture d’Akita. Quatre jours plus tard, dans la même zone, un second navire est découvert, charriant à son bord 8 cadavres, demeurés si longtemps en mer du Japon qu’il ne restait d’eux que les os. En plus des squelettes, les enquêteurs ont trouvé des paquets de cigarettes vides et des gilets de sauvetage paraissant provenir de Corée du Nord. Ces indices rejoignent les témoignages des survivants du naufrage d’Akita, qui ont déclaré venir de Corée du Nord et pêcher le calamar. Il s’agirait en réalité de navires de pêche.

Une situation qui se répète 

Le cas des « bateaux fantômes » fait écho à la situation de l’année 2015, lorsque de nombreux morts avaient été retrouvés sur les côtes. À l’époque, les experts avaient émis une double hypothèse. Les cadavres pouvaient être ceux de réfugiés nord-coréens qui fuyaient le régime, ou ceux de pêcheurs, poussés par la faim dans les eaux dangereuses de la mer du Japon. En cause, des pénuries alimentaires récurrentes en Corée du Nord.

Pour Satoru Miyamoto, professeur à l’université de Seigakuin et spécialiste de la Corée du Nord, le nombre de bateaux échoués augmente chaque année, depuis 2013. « C’est arrivé après que Kim-Jong-un a décidé d’étendre l’industrie de la pêche pour augmenter les revenus de l’armée. » Des militaires embarqueraient dans de vieilles embarcations, sans avoir la moindre connaissance dans le domaine. « Ça va continuer« , a ajouté le chercheur pour CNN.

Pénurie alimentaire et désastre sanitaire

Dans le pays contrôlé par Kim-Jong-un, les tentatives de désertion sont courantes. Mais ne réussissent pas toujours. Ce mois-ci, pourtant, l’évasion la plus spectaculaire a été celle de « Oh », un militaire qui s’est échappé par la zone démilitarisée entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. L’homme était infecté par l’hépatite B. Les médecins ont également découvert qu’il avait dans le corps de multiples vers parasites, allant jusqu’à 27 centimètres. Ces vers intestinaux sont généralement transmis par contact avec des excréments, ou les mains non lavés. Choi Min-ho, professeur au Collège de médecine de l’Université nationale de Séoul, spécialisé dans les parasites s’est exprimé pour CNN. Selon lui, l’utilisation d’engrais humains sur les cultures et les mauvaises conditions sanitaires ont conduit à la transmission de kystes parasitaires en Corée du Nord. Une crise sanitaire et humanitaire globale.

Seo Yu-Suk, chercheur à l’Institut d’études nord-coréennes de Séoul, a déclaré à Sky News que la Corée du Nord pousse très durement ses habitants à rassembler plus de poissons, afin qu’ils compensent la pénurie alimentaire. L’absence de traitements médicaux et la famine dévastatrice qui touche le pays pourraient expliquer, alors, les navires échoués en mer du Japon.

La mer du Japon qui reste plutôt calme en été commence à être agitée en novembre, voire carrément dangereuse lorsque soufflent les vents du nord-ouest. Difficile de statuer sur l’état des vaisseaux retrouvés à proximité des côtes du Japon. Étaient-ils en mer depuis quelques semaines, quelques mois ? Dans des environnements chauds et humides, les corps peuvent se désagréger en seulement quelques semaines.