Pour la première fois le Mondial de la bière débarque à Paris ce week-end à la Maison de la Mutualité. Pendant trois jours, zythologues, puristes et amateurs vont pouvoir rencontrer des dizaines de brasseurs, suivre des masterclass et bien sur déguster. Des toutes petites quantités en revanche, sorry.
“Quand on a commencé à envisager le MOB à Paris, on a tout de suite écarté l’idée d’un salon sérieux, réservé aux puristes. Notre projet c’était plutôt de monter un festival dans la même veine que les festivals de food ou de musique. D’où les deux scènes qui vont permettre aux brasseurs venus d’une vingtaine de pays de défiler chacun leur tour pour présenter leur bière, expliquer, échanger avec le public pendant trois jours” raconte Luc Dubanchet, fondateur du festival mondial de cuisine Omnivore et directeur de l’événement.
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Conçu sur le même modèle qu’Omnivore, le Mondial de la Bière prévoit d’accueillir entre 8 000 et 12 000 personnes. Outre les deux scènes, les festivaliers pourront déambuler entre les stands de brasseurs venus de 20 pays, qui ont chacun leur conception de la bière. Dans le casting, on retrouve notamment l’équipe de la Brasserie C à Liège.
Leur bière signature, la Curtius, au goût de céréales avec une pointe de froment, aussi légère que de la mie de pain, est le fruit de mille et une expériences. On retrouve aussi les Québécois de Dieu du ciel, qui, moins aventuriers, brassent dans le respect le plus total de la tradition ou encore Thierry Roche, brasseur parisien installé à la Goutte d’Or. Seront aussi présents d’autres têtes d’affiche comme les Anglais de Camden Town, les Américains de Goose Island ou encore les Suisses de White Frontier Brewery.
“Avec cette configuration brasseurs/festivaliers, on sort complètement du cadre du salon professionnel. Le Mondial de la Bière c’est un échange, c’est comme une émulsion. Et une émulsion c’est plus fort qu’une mousse qui se dissout” ajoute Dubanchet.
Cannabis et gingembre
Sur place, possibilité d’acheter directement un, deux ou mille bouteilles aux brasseurs. Les organisateurs du MOB ont d’ailleurs tout prévu en proposant des pack de six vides, en carton pimpé. Bien vu.
Créé il y a 25 ans à Montréal par une équipe de mordus de craft beer, le MOB est un rendez-vous annuel incontournable au Québec. L’exporter en Europe et surtout à Paris relève d’une jolie prouesse. Car même si la bière artisanale a le vent en poupe depuis quelque temps, elle reste dans l’imaginaire collectif « un produit haut de gamme, réservé soit aux professionnels, soit aux bobos » souligne Damien Bouquet de la brasserie Cantik à Chantilly.
Néanmoins, l’explosion des micro-brasseurs partout en Europe depuis quelques années montre que la tendance commence à s’inverser. La curiosité du grand public pour les bières artisanales en bouteille, toutes différentes et toujours habillées d’une étiquette personnalisée, commence a faire de l’ombre aux classiques pressions blondes ou blanches dans les bars. « Et c’est une bonne nouvelle car les gens commencent à réaliser que dans le monde de la bière artisanale, les possibilités sont illimitées par rapport au vin » poursuit Damien Bouquet.
Chez Cantik par exemple, la Citra, une IPA (Indian Pale Ale, bière à haute densité et avec un houblonnage fort) peu houblonnée avec des arômes fruités et tropicaux, fait penser à du cannabis. Alors que la Paradise, rose barbie, révèle des arômes de betterave et de gingembre. Rien à voir.
Le but des masterclass est de faire découvrir le champ des possibles immense de l’univers brassicole. Animé par Edouard Roussez, co-fondateur de l’Association Houblons de France, le défilé des brasseurs sur scène sera complété le dimanche 2 à 14h45 de deux interventions VIP. Celle d’Emmanuel Rey, brasseur réputé d’île-de-France et celle du chef Cyril Lignac fier de présenter sa bière maison bio baptisée Homemade. « Les chefs eux-mêmes se mettent à faire de la bière ! Et de plus en plus de restaurants proposent une sélection de craft beer » se réjouit Dubanchet.
Pairing
Dans sa cantine lilloise Bloempot et son Auberge du Vert Mont, Florent Ladeyn, lui, n’a pas attendu la vague pour proposer des bières artisanales et cuisiner avec. Figure de proue du pairing bière food, Ladeyn sera aux fourneaux au rez de chaussée de la Mutualité du vendredi au dimanche. Impossible de savoir ce qu’il compte faire comme plat et comme association : il « planche encore ».
« Je sens que c’est le moment de rassembler à Paris des beer geeks convaincus et un nouveau public que j’aime bien appeler jeunes mangeurs et jeunes buveurs. Surtout pas foodista. Mot interdit. » conclut avec humour Dubanchet.
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