Plusieurs associations britanniques ont rétabli la vérité fin février : il s’agissait d’une légende urbaine sordide, prise pour un jeu mortel.
Il n’y a “aucune preuve confirmée dans ce pays de suicide lié à Momo”. Ce 28 février dans les colonnes du Guardian, la mise au point du porte-parole des Samaritans (équivalent anglais de la Croix-Rouge) est solennelle et sans équivoque. Son motif : une légende urbaine sordide largement répandue dans la presse depuis 2018 et pris pour argent comptant, alors qu’il s’agit, selon le UK Safer Internet Centre (Centre pour un Internet plus sûr), d’une “fake news” et d’un “mythe”, comme le relève Le Monde.
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Le visage effrayant d’une femme-poule
Pour trouver les origines de ce mythe, il faut remonter à l’été 2018, quand de nombreux médias ont commencé à évoquer l’existence d’un jeu potentiellement mortel. Celui-ci consisterait à contacter sur WhatsApp un numéro inconnu, et à lui lancer chaque jour un nouveau défi, de plus en plus dangereux, jusqu’au suicide. “Momo”, c’est cet interlocuteur anonyme menaçant. Mais, selon Le Monde, ce jeu n’a jamais existé.
En fait, il s’agissait au départ d’un simple canular de jeunes Sud-américains, né sur Facebook. Le Youtubeur vénézuélien DrossRotzank s’est chargé de le populariser, en donnant à “Momo” le visage effrayant d’une femme-poule : en réalité, il s’agit d’une statue créée par le studio spécialisé dans les films d’horreur Link Factory. En tout cas, dans les vidéos virales diffusant cette rumeur, il n’est jamais question de challenge ou de jeu.
L’origine de la rumeur : un suicide mal interprété
C’est un journal argentin, El Diario popular, qui s’est emmêlé les pinceaux en juillet 2018, en racontant qu’une adolescente de 12 ans s’était suicidée après avoir joué au « jeu de Momo ». Or les enquêteurs ont plus tard changé de piste, découvrant qu’elle avait été victime d’une agression sexuelle. Mais la rumeur était lancée, et elle s’est diffusée comme une traînée de poudre, par des médias en mal de sensationnalisme. Le « Momo challenge » était né.
Comme l’explique le Guardian, cité par Le Monde (également auteur d’une enquête à ce sujet), la rumeur s’est auto-alimentée à mesure que les institutions paniquaient : “Le moulin à rumeurs semble avoir créé une boucle de rétroaction, où les articles sur le Momo Challenge ont poussé les écoles et la police à avertir des supposés risques posés par le Momo Challenge, ce qui a alimenté en retour de nouveaux articles avertissant de ses dangers”.
Contacté par Le Monde, Samuel Comblez, directeur des opérations de l’association e-enfance, explique qu’il “n’y a pas eu de cas de suicide ni de blessé lié au Momo Challenge”. “C’était surtout une légende urbaine avec de nombreux faux Momo, qui a suscité l’excitation des adolescents qui aiment se faire peur”, conclut-il.
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