Samedi 24 juin, Renaud Camus, écrivain et militant d’extrême-droite, était l’invité d’Alain Finkielkraut dans son émission Répliques, sur France Culture. L’intervention avait de quoi créer le malaise chez les auditeurs, et cela n’a pas loupé : plusieurs centaines de messages de protestations sont parvenus au médiateur de la radio, Bruno Denaes. Dans un article avec […]
Samedi 24 juin, Renaud Camus, écrivain et militant d’extrême-droite, était l’invité d’Alain Finkielkraut dans son émission Répliques, sur France Culture. L’intervention avait de quoi créer le malaise chez les auditeurs, et cela n’a pas loupé : plusieurs centaines de messages de protestations sont parvenus au médiateur de la radio, Bruno Denaes.
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Dans un article avec un podcast de plus de 8 minutes, publié quatre jours plus tard, Radio France s’explique enfin sur ce choix qui est loin d’avoir plu aux auditeurs, en laissant directement parler le principal intéressé : Alain Finkielkraut.
« Si j’ai invité Renaud Camus, ce n’était pas pour choquer les auditeurs. J’ai pris le risque de les choquer pour mettre fin à une anomalie. Renaud Camus, qu’on ne voit et n’entend nulle part, a forgé une expression qu’on entend tout le temps et partout : le « Grand Remplacement ». Il s’agissait de le mettre face à un contradicteur », s’explique Alain Finkielkraut.
Si vous souhaitez écouter Alain Finkielkraut au micro du Médiateur des antennes suite à son émission du 24 juin? >>> https://t.co/1Tmi7cE6Ok pic.twitter.com/YEmT9QXIxl
— Le Médiateur (@mediateurRF) 28 juin 2017
La « connivence » entre Finkielkraut et Camus critiquée
Face au militant d’extrême-droite, le démographe Hervé Le Bras a en effet débattu. Sauf que ce que les auditeurs reprochent à la radio, c’est d’avoir laissé Alain Finkielkraut « faire le lit du racisme et de l’islamophobie », comme le précise le médiateur. « En fait, nombre d’auditeurs disent avoir ressenti une véritable connivence entre Renaud Camus et le producteur », précise Bruno Denaes au micro.
Parmi les messages de protestations, il cite celui d’un certain Thomas, pour qui « Alain Finkielkraut est devenu le porte-parole de la folie paranoïaque islamophobe », ou de Marvin : « En 1930, les Juifs étaient tristement pointés du doigt ; en 2017, sous couvert de la liberté d’expression, vous pointez du doigt les musulmans ».
Ces centaines d’auditeurs trouvent qu’Alain Finkielkraut a soutenu les positions de l’invité, plutôt que de débattre avec lui en lui demandant des arguments tangibles et « de chercher des contradictions, comme avec l’autre invité, le démographe Hervé le Bras ? », l’interpelle le médiateur dans le podcast.
Réponse d’Alain Finkielkraut : il rejette les accusations. « Je n’ai fait aucune concession à Renaud Camus ; je ne suis coupable d’aucune connivence… Réécoutez, j’ai plusieurs fois émis des remarques sur ses propos », affirme celui-ci.
La liberté d’expression en terme d’excuses
Si Radio France était consciente qu’inviter Renaud Camus pouvait mal passer auprès de la population, l’émission a quand même été diffusée. Beaucoup d’auditeurs ont demandé pourquoi elle n’avait pas été censurée.
« Réclamer la censure m’étonne toujours dans une démocratie. D’accord ou pas d’accord avec certaines opinions, toutes doivent pouvoir s’exprimer dès l’instant qu’elles ne contreviennent pas à la loi et à la dignité humaine. Il faut d’ailleurs les connaitre si on veut les combattre », certifie le médiateur de Radio France.
L’article se termine donc par cette phrase revendicative, écrite en gras : « La liberté d’expression reste certainement la plus belle des libertés sur France Culture. »
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