La victoire de la France en Russie a permis au Bleu de rajouter une étoile sur leur maillot, fourni par Nike et majoritairement assemblé en Thaïlande. Le coût de production s’élèverait à la somme dérisoire de trois euros selon le JDD.
Vous avez bien lu : le maillot que tous les supporters attendent, que même le couple le plus influent du monde de la musique, Beyoncé et Jay-Z, a porté en hommage à la victoire des Bleus dimanche 15 juillet, coûte l’équivalent de trois paquets de chewing-gums. Grâce à une enquête menée par le JDD et dévoilée le 21 juillet, il est désormais certain qu’aucun atour n’échappe au phénomène de la fast fashion et des coûts de production dérisoires qui s’y attachent.
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Interdiction de communication
La tunique des sportifs elle-même ne fait pas exception. Le nouveau maillot, qui permettra à tous ceux qui veulent l’acquérir d’arborer fièrement la seconde étoile durement décrochée par l’équipe des Bleus, coûte trois euros à l’achat pour être vendue jusqu’à 140 euros pièce en magasin, soit près de 47 fois son prix de production. C’est l’équipementier américain Nike qui a choisi d’exporter la production du maillot floqué des deux étoiles en grande partie en Thaïlande pour une infime partie destinée aux usines polonaises et turques de Nike, qui comptent respectivement 270 et 2 000 employés.
Nayla Ajaltouni, coordinatrice d’Éthique sur l’étiquette, une ONG qui s’occupe des conditions de travail dans les usines destinées à la production d’équipements sportifs, explique que « comme toujours, une infime partie sera fabriquée en Pologne ou en Turquie pour ne pas priver le marché des premières demandes. Mais le gros des tuniques sera made in Asia et sans doute made in Thailand pour des raisons de coûts de production ». Une grande partie des huit millions des très attendus maillots bleus sera donc produite en Thaïlande, avec ses quelques 30 usines et 37 000 ouvriers, temple de la production des articles les plus techniques à confectionner comme le maillot étoilé.
Un euro et cinquante centimes pour une étoile
Cette production, expresse et à bas prix, est un choix stratégique qui permettra de répondre aux exigences de rapidité et de main d’oeuvre bon marché de la célèbre marque à la virgule, qui s’assurera par là des marges non négligeables. L’équipementier n’a d’ailleurs pas souhaité répondre aux questions du JDD : « Nous n’avons aucune obligation de vous répondre » aurait rétorqué un représentant de Nike à Bangkok au journaliste français. Même les ouvrières de Nanyang Garment Co, sous-traitant thaïlandais de Nike, ne pipent mot : il leur est formellement interdit par l’équipementier américain de communiquer sur les pratiques et les techniques au sein de la chaîne de production, expose Noi Supalai, ancienne employée chez Nike et désormais figure de la condition ouvrière.
Le salaire des petites mains de la grosse boîte américaine oscille entre 180 et 250 euros mensuels pour un rythme infernal : l’ONG Clean Clothes explique la logique d’optimisation de la production qui implique une « réduction des minutes passées par ouvrier sur chaque maillot, automatisation et flux ultra-tendus ». Maillots dont la production a commencé à Khon Kaen, dans le nord-est du pays, et qui devraient arriver en Europe dans moins d’un mois, ce qui laisse largement le temps d’économiser les trois euros nécessaires à leur acquisition, puis de compléter par les 137 euros manquants.
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