Après “Fou de pâtisserie” en 2012, voici le petit frère salé. En kiosque depuis une semaine, ce bimensuel sur l’actu et les tendances food donne la parole aux jeunes et aux étoiles montantes de la gastronomie. “Outsideuses” de la food, Julie Mathieu et Muriel Tallandier peuvent désormais se targuer d’être les parents d’un magazine culinaire […]
Après “Fou de pâtisserie” en 2012, voici le petit frère salé. En kiosque depuis une semaine, ce bimensuel sur l’actu et les tendances food donne la parole aux jeunes et aux étoiles montantes de la gastronomie.
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“Outsideuses” de la food, Julie Mathieu et Muriel Tallandier peuvent désormais se targuer d’être les parents d’un magazine culinaire à la ligne éditoriale engagée qui cartonne. “Notre idée de départ c’est de traiter la food sous un angle moderne en s’intéressant surtout à la nouvelle génération qui a fait voler en éclat les codes de la gastronomie traditionnelle. Ce parti pris ne nous empêche pas de parler des grands comme Marx, Ledeuil ou Guérin mais on préfère d’abord donner la parole aux non-étoilés”, explique Julie Mathieu, rédactrice en chef de Fou de cuisine. Priorité donc aux plus petits -et moins mainstream-, dont le talent mérite un coup de projecteur. « Par exemple, Marc Favier, qui a ouvert son restaurant Bouillon dans le 9e arrondissement de Paris et dont le bouillon fait la couv’ du magazine gagne à être connu. On en parle peu et pourtant il a été le second de Jean-François Piège et sa cuisine vaut vraiment le détour ».
Même discours pour une palanquée de chefs de province, privés des spotlights médiatiques, comme Alexandre Bourdas qui travaille le poisson en Normandie, aux fourneaux du doublement étoilé SaQuaNa, ou encore Philippe Mille, le chef des Crayères à Reims qui propose un tour des adresses rémoises bouillonnantes.
Masterclass
Deuxième parti pris du magazine culinaire : désacraliser le mythe des recettes de grands chefs infaisables. En proposant des photos qui illustrent par étape la recette à commencer par celle de l’attachant Akrame Benallal (restaurant Akrame, Paris 16) “Cocos-iode-coco”, le magazine surfe sur la vague de démocratisation de la gastronomie.
“Ces pas à pas sont comme des tutos, presque comme une vidéo mais en photo. L’idée c’est de distiller le plus possible de pédagogie pour que nos lecteurs aient le sentiment de ne pas être passifs, qu’ils aient la possibilité de mettre en application ce qu’ils apprennent en lisant nos pages », précise Julie Mathieu.
Ce deuxième numéro se met à l’heure des fêtes de fin d’année pour proposer des recettes de Noël. Mais pas n’importe lesquelles, celles de chefs en vogue à Paris et en province. Avec toujours la même politique : des plats sans chichis, accessibles et réalisables. On a bien aimé le canard, compote d’oignons, sauce orange-miso de Mauro Colagreco, le chef argentino-italiano-espagnol du Mirazur (Menton, 06), ou bien celle du velouté de chou-fleur à la truffe de Patrick Duler, qui s’auto-définit comme « cuisinier paysan » sur le site de son restaurant, le Domaine de Saint-Géry (Lascabannes, 46).
“Donner un coup de jeune à la presse culinaire”
Au fil de la centaine de page de ce numéro deux, on se plonge dans des dossiers bien ficelés sans même se rendre compte que l’on est en train de dévorer des lignes sur la disparition de la filière rizicole en Camargue. Sujet alarmant certes, mais on a connu plus racoleur. On navigue entre les bons plans resto (pas seulement parisiens), les produits bobo-hipsters du moment comme cette petite bouteille de jus de Yuzu sauvage ou ce bitter made in Maison du whisky pour « twister ses drinks ». On en apprend de belles sur le huacatay, cette herbe emblématique de la cuisine péruvienne, sur la poutargue ou bien sur la parfaite tasse à expresso. Le tout dans une maquette pop, colorée et rafraîchissante. Fou de cuisine, c’est comme un coup de pied ou plutôt un coup de jeune dans le monde de la gastronomie tradi et de la presse culinaire classique.
Home made de A à Z
Coté plume, des aficionados de cuisine mais pas que. “C’est d’ailleurs probablement cette diversité des parcours des rédacteurs qui est responsable de l’originalité du journal”, table Raphaële Marchal, fondatrice du blog enrangdoignons.fr, dans le top 5 des blogs culinaires les plus consultés. Des journalistes ciné partagent l’écriture avec des chroniqueurs food et même des journalistes musique estampillés reggae. Et ça fonctionne.
« Je n’ai pas hésité une seconde lorsque Julie Mathieu m’a proposé plusieurs chroniques dans le magazine. Le fait qu’elle-même vienne d’un monde qui n’a absolument rien à voir avec la gastronomie (communication politique) m’a plu”, explique la jeune foodista.
Mathilde Samama
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