Une génération de jeunes et fiers créateurs chinois s’impose en rejetant le low cost et une conception du luxe dictée par l’Occident. Cette silhouette de la dernière collection de la marque Sankuanz provient de la province du Fujian, en Chine. Avec ses superpositions et ses lignes oversized, elle reflète une sous-culture empreinte de hip-hop, de pop et de calligraphie. Son créateur, […]
Une génération de jeunes et fiers créateurs chinois s’impose en rejetant le low cost et une conception du luxe dictée par l’Occident.
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Cette silhouette de la dernière collection de la marque Sankuanz provient de la province du Fujian, en Chine. Avec ses superpositions et ses lignes oversized, elle reflète une sous-culture empreinte de hip-hop, de pop et de calligraphie. Son créateur, le très branché Shangguan Zhe, 30 ans, a une devise claire : “Fièrement fabriqué ici.” Il fait partie d’une génération créative surnommée les wenyi qingnian, ou “jeunesse cultivée”. Ces hipsters locaux et engagés rejettent le culte d’un luxe siglé et dicté par l’Occident, dont la génération précédente est encore si friande. A la place, ils cherchent à définir une identité profondément chinoise, qui revendique sa filiation avec une culture ancienne interrompue par l’avènement de Mao. Parmi eux, une vague de jeunes créateurs se consacre à produire des vêtements avant-gardistes et pleins d’histoire, de façon locale et à petite échelle. Le but ? Se débarrasser une bonne fois pour toutes de l’image d’usine low cost pour le capitalisme mondial.
On peut penser à la créatrice de prêt-à-porter Masha Ma, qui mêle détails de costumes bouddhistes et minimalisme à la scandinave ; Xander Zhou, sorte de J. W. Anderson, joue de façon provocatrice avec le détournement de codes des genres ; Huishan Zhang imagine une féminité vintage et rock. Certains poussent plus loin cette quête de leurs racines : le créateur Liang Zi, par exemple, utilise de la soie cantonaise qu’il teint à la main selon une technique datant de la dynastie Ming. Quant au label Decoster Concept, il déconstruit l’uniforme maoïste et travaille le noir et blanc “en rappel à la dualité de la philosophie taoïste”, explique son créateur Ziggy Chen.
Le marché de la mode est au rendez-vous : au cœur de Pékin, la boutique Dong Liang, un concept-store ultrapointu, propose exclusivement des labels de niche et artisanaux, mêlant des marques émergentes françaises, new-yorkaises et chinoises. “La clientèle est prête à accepter un sens de la qualité et du style venu d’ici. Nous avons enfin confiance en nous”, explique l’un de ses deux fondateurs, Charles Wang. Les fashionistas transnationales apprécieront.
Alice Pfeiffer
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