Un numéro hommage à Charlie Hebdo du journal “Zoo”, disparu en 2000, est disponible en kiosque depuis quelques jours. Il s’agit d’une arnaque : l’ancienne équipe du journal n’y est pour rien, et compte poursuivre en justice la personne à l’origine de cette parution.
Certains sont prêts à tout pour profiter de l’engouement qui s’est créé autour de Charlie Hebdo depuis l’attentat du 7 janvier, même aux pires arnaques. Ainsi ne vous fiez pas au numéro « hommage à Wolinski, Charb et Tignous » du journal Zoo, qui vient de paraître en kiosque : c’est un faux qui reprend indûment des dessins des défunts sans autorisation, et pour des objectifs purement pécuniaires.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Une « escroquerie » pour se faire de l’argent facile
Zoo est un journal satirique qui a existé de 1997 à 2000, et au sein duquel dessinaient par exemple le professeur Choron, Vuillemin, Faujour, Berth, ou encore Lefred-Thouron. Sa reparution n’était nullement prévue par son dernier rédacteur en chef, Éric Martin, qui en a pris connaissance après avoir été averti par son ami réalisateur Pierre Carles. Celui-ci a d’abord cru à une confusion, et qu’il ne pouvait s’agir que de Zoo le mag, journal culturel gratuit spécialisé en BD. Mais il n’en était rien – la rédaction de Zoo le mag a d’ailleurs réagi en publiant un communiqué où elle se déclare « choquée par l’utilisation frauduleuse du nom Zoo (déposé), par des personnes dénuées de scrupules ayant publié en kiosque un magazine appelé ‘Je suis Charlie – Zoo’, et voulant profiter de la récente tragédie ».
Zoo, le journal satirique disparu en 2000 et facilement identifiable par sa base-line – « Tous des bêtes ! » – , était bel et bien ressuscité à l’insu de ses fondateurs, comme a pu le constater par lui-même Éric Martin, qui en a parcouru les pages avec le dessinateur Vuillemin, qu’il voyait le jour-même.
L’ex-rédacteur en chef a d’emblée publié un communiqué adressé à l’AFP pour décliner toute responsabilité dans l’édition du journal :
« Les anciens collaborateurs de Zoo (Berth, Faujour, Martin, Vuillemin) tiennent à informer les familles des victimes qu’ils déclinent toute responsabilité dans l’édition de ce journal reprenant notamment des interviews de Wolinski et de Charb qui n’ont jamais été commandées ni publiées par la rédaction de Zoo. Ils demandent aussi aux éventuels acheteurs de ne pas s’abonner à cette publication qui se révèle être une escroquerie et se réservent le droit de poursuites judiciaires envers le charognard qui a édité cet étron. »
Le responsable aurait été identifié
L’ »étron » en question reprend notamment des dessins de Tignous, dont un qui est en une. Contacté par Les Inrocks, Eric Martin renouvelle son indignation : « Ils ont piqué des dessins parus dans Zoo et ailleurs sans demander d’autorisations. Tignous n’a dessiné que dans deux ou trois numéros. Ce sont des charognards tout simplement, qui poussent l’arnaque jusqu’à proposer un abonnement d’un an à 25 euros, alors qu’ils savent très bien qu’il n’y aura pas de prochain numéro. »
Hormis les dessins, on trouve dans ce numéro un entretien de Wolinski et un autre de Charb, tous deux non signés, des photos des deux dessinateurs qui ne sont pas créditées, un texte anonyme et trois encarts publicitaires occupés par Reporters sans Frontières. En page 7, un “ours” (la liste des collaborateurs) minuscule donne des informations fallacieuses, dont le nom du supposé “directeur de la publication” : “Y. Dole”. Une preuve de plus de l’amateurisme de la personne sans scrupules qui est à l’origine de ce numéro, puisque, selon Éric Martin, cette personne est décédée. L’ex-rédacteur en chef pense avoir identifié cette personne, et s’apprête à intenter un procès à son encontre. Ironie du sort : Zoo, en désaccord sur la ligne éditoriale de Philippe Val, cognait fort contre Charlie Hebdo à l’époque où il paraissait.
{"type":"Banniere-Basse"}