Le gouvernement vient de lancer le site « stop-djihadisme.gouv », annoncé parmi les mesures promises par Manuel Valls après les attentats en France. Derrière un intitulé un peu kitsch, la plateforme fait la part belle à la prévention et la sensibilisation.
Quand on clique sur la page d’accueil du site, une vidéo s’ouvre automatiquement et s’étend sur toute la longueur de l’écran. Un film de deux minutes se met en route, en autoplay. Il s’ouvre sur des captures d’écran de profils Facebook de terroristes, de photos violentes, de pages liées aux extrémistes de l’Etat Islamique. Puis, un message en inbox dans un français approximatif apparaît, d’une personne qui essaie manifestement de nous rallier à la cause djihadiste :
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« Salut. Cool les trucs que tu like, ça t’intéresse ce ki se pase au Cham en ce moment? si ta des questions n’hésite pas, la vérité elle est la bas, c’est maintenant qu’il faut partir! si tu veux plus d’infos tu me donnes ton num j’ai des amis la bas ki se battent jte met en contact. »
Une fois la vidéo d’ouverture terminée (ou s’il choisit de la zapper), l’internaute a accès à un site plus complet, intitulé sobrement Stop-djihadisme.gouv. Il se décline en 4 onglets, « comprendre » (la menace terroriste), « agir » (l’action de l’Etat), « décrypter » (la propagande), et « se mobiliser ».
On retrouve, dans chaque rubrique, des conseils ainsi que des interventions de spécialistes qui « décryptent » les stratégies de recrutement des terroristes. Comme à son habitude, le gouvernement insiste lourdement sur l’endoctrinement via Internet et les réseaux sociaux.
Le ministère de l’Intérieur n’a pas tardé à mettre en place ce site d’information et de sensibilisation : il arrive à peine 15 jours après le discours du Premier ministre Manuel Valls devant l’Assemblée nationale, lors duquel il avait demandé à Bernard Cazeneuve lui présenter « des propositions de renforcement« , concernant notamment « internet et les réseaux sociaux, plus que jamais utilisés pour l’embrigadement, la mise en contact et l’acquisition de techniques permettant de passer à l’acte« , selon lui. Comme nous l’avions rappelé, les frères Kouachi ainsi qu’Amedy Coulibaly ne s’étaient pourtant ni rencontrés, ni organisés sur le Web, mais plutôt dans les cours de promenade des prisons françaises.
Un travail de sensibilisation
Reste qu’une partie du recrutement de jeunes Français peut avoir lieu via certains canaux de discussions comme les réseaux sociaux, et que le gouvernement prend une initiative habile en essayant de miser sur la prévention et la sensibilisation. Au-delà des noms « chocs » qui peuvent laisser dubitatifs (on pense à la « plateforme téléphonique anti-embrigadement »), le site offre des informations claires ainsi qu’un numéro gratuit dédié, principalement, aux familles des « victimes d’embrigadement », comme le laissent penser ces questions à la fin de chaque vidéo : « Vous avez des doutes ? Vous êtes inquiet(e) pour un proche? Appelez le numéro vert. »
La force de la plateforme réside toutefois principalement dans sa vidéo d’ouverture, qui utilise les codes des campagnes de prévention choc dont le gouvernement a le secret.
Parmi les dispositifs mis en place existe également un « formulaire de signalement » qui permet à n’importe qui d’envoyer ses questions par écrit, sans être obligé de mentionner une personne en particulier, et avec la possibilité de choisir d’être « recontacté suite à ce signalement » par les autorités.
Avec ces mesures de préventions, le ministère de l’Intérieur fait un premier pas raisonné vers la manière d’approcher le terrorisme à l’épreuve d’Internet. Toutefois, la création de ce site n’est qu’une petite partie des mesures exceptionnelles annoncées par Manuel Valls concernant le web. Les autres s’avèrent toujours plus problématiques, comme ces annonces plus floues en matière de renforcement « des moyens dédiés à la surveillance du cyberdjihadisme et aux enquêtes relatives aux délits commis sur internet », ainsi que l’affermissement de « la surveillance des communications et de l’internet des djihadistes ».
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