Depuis plusieurs mois, le site d’info Le Gorafi colle à l’actualité pour livrer des faux scoops et critiquer les médias avec humour.
Mercredi 10 avril, sur France Inter, une émission est consacrée au grand rabbin de France, Gilles Berheim, accusé de plagiat et d’usurpation de diplôme. « Le plus drôle c’est que Jérôme Cahuzac a réagi en disant : ‘Ce que j’ai fait n’est pas bien mais franchement ce que je trouve intolérable, c’est le mensonge du rabbin« , raconte un journaliste. Pascale Clark l’interrompt : « Non sérieusement ? » Le journaliste reprend, sûr de lui : « Je vous assure, c’est d’ailleurs la seule interview que Cahuzac a donnée depuis son affaire. » Le problème, c’est que cet entretien dans lequel l’ancien ministre du Budget réclame une « moralisation de la vie religieuse » est l’oeuvre du site Le Gorafi.fr.
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« Benoît, le fameux ami noir de tous les racistes »
Depuis septembre 2012, ce site d’infaux parodique à mi-chemin entre hoax et pastiches des sites d’info professionnels distille quotidiennement des scoops bidon comme cette interview de « Benoît, le fameux ami noir de tous les racistes » ou de Nabilla regrettant « le manque de réalisme économique de l’Europe dans la gestion de la crise chypriote ». Austère d’apparence, doté d’un ton informatif et d’un nombre incalculables de rubriques, Le Gorafi roule souvent dans la farine le lecteur (trop) pressé.
L’information selon laquelle un « bug sur la plate-forme Caramail rendrait publique toutes les conversations sur le tchat datant d’il y a douze ans » a par exemple été repris sur un site d’information belge. « Nous ne nous sentons pas comptables de la crédulité des gens, se défend Basile Sangène, journaliste sur le site. Outre le fait de conquérir Le Monde, nous sommes surtout là pour nous amuser avec les codes de l’information. »
« Le Gorafi est un site moderne »
On ne va pas sur la page d’accueil du Gorafi, on tombe par hasard sur l’un de leurs articles sur les réseaux sociaux, où le site cartonne. Avec 40 000 abonnés Facebook, 25 000 sur Twitter, le site d’infaux dépasse régulièrement les 900 000 visites mensuelles.
« Les succès d’audience sur le web dépendent de l’actu chaude, du divertissement (People, LOL ou insolite et de la maîtrise de l’éditing – référencement, angle, rythme de publication, etc.). Sans produire d’information, Le Gorafi est un site moderne car il marie à merveille le langage de l’info sérieuse du web, les codes de l’humour, et des titres qui donnent envie de partager leurs articles », analyse Johan Hufnagel, rédacteur en chef de Slate.fr.
Dans son genre, le Gorafi est le digne héritier sur le web de l’ancien magazine français Infos du monde, hebdo qui annonçait régulièrement la présence d’extraterrestres dans le gouvernement Balladur. « Le Gorafi est notre descendant direct, assure Fred Royer, cofondateur du journal en 1994. La seule différence, c’est qu’ils sont sans doute plus branchés actualité que nous. » Le Gorafi se fait un devoir de coller à l’actualité. La petite équipe du site d’infaux se réunit d’ailleurs quotidiennement pour se répartir des sujets comme dans une rédaction traditionnelle. « Lors des attentats de Boston, nous avons fait une réunion exceptionnelle pour réfléchir aux angles nous permettant d’aborder ce drame, explique Basile Sangène. Le jour où l’on nous prendra trop au sérieux, on promet d’arrêter ! »
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