Il est un gaz qui ne fait rire personne depuis cinq mois. Le gaz de schiste met en rogne les opposants à son exploitation, rassemble contre lui de plus en plus de personnalités qui se disputent la vedette, de Danielle Mitterrand à José Bové ou Nicolas Hulot, et donne de telles sueurs froides au gouvernement […]
Il est un gaz qui ne fait rire personne depuis cinq mois. Le gaz de schiste met en rogne les opposants à son exploitation, rassemble contre lui de plus en plus de personnalités qui se disputent la vedette, de Danielle Mitterrand à José Bové ou Nicolas Hulot, et donne de telles sueurs froides au gouvernement qu’il en commet des lapsus fumeux…
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Devant l’ampleur de la mobilisation, l’UMP vient de faire voter une loi « compromis » ne fermant pas définitivement la porte aux industriels. Pour les écologistes, il s’agit d’un « tour de passe-passe pour gagner du temps » jusqu’aux prochaines élections.
En langage simple, le gaz de schiste est un gaz naturel emprisonné dans la roche (schiste) à environ 2 000 mètres de profondeur. Son extraction demande une « fracture hydraulique », procédé qui consiste à injecter, à très haute pression, de l’eau, du sable et environ 500 produits chimiques pour briser la roche et en libérer le gaz. Un processus superbement mis en images par une application Owni. Si les industriels voient le gaz de schiste comme une solution à la crise énergétique, les écologistes dénoncent les effets de sa méthode d’extraction : pollution des nappes phréatiques, émission de gaz à effet de serre, risque d’activité sismique…
En mars 2010, Jean Louis Borloo, alors ministre de l’Ecologie, accorde trois permis de recherche, sans consulter les élus locaux, à la société américaine Schuepbach Energy LLC, associée à Total et GDF-Suez. Les premiers départements approchés sont l’Ardèche, la Drôme et l’Aveyron, mais d’autres régions sont concernées (voir la carte de France).
Depuis fin 2010, les manifestations s’enchaînent, les slogans pleuvent (« No gazaran », « Gaz-toi pauv’ con »), sites Internet et pétitions en ligne fleurissent. Les contestataires, qualifiés « d’extrémistes retors et chevronnés » par l’avocat de la société Schuepbach, ne manquent pas de créativité pour se faire entendre – surtout quand le pastis de Marseille est menacé. Plus de 4000 signatures de collectifs ont été recueillies lors d’un tour de France pétitionnaire organisé du 20 avril au 10 mai.
Depuis une dizaine d’années, les Etats-Unis ont installé des centaines de milliers de puits d’extraction de gaz de schiste sur leur territoire, gaz qui représente 23% de leur production de gaz naturel. Des accidents ont contaminé des nappes phréatiques et le New York Times a publié une vaste enquête révélant notamment la radioactivité de l’eau rejetée par les puits.
Dans son documentaire Gasland, Josh Fox, « l’empêcheur de forer en rond », montre des images choc, comme de l’eau du robinet qui prend feu à cause du méthane qu’elle contient.
Cet été, Gasland 2 sera tourné en France et dans d’autres pays du monde qui s’inquiètent et demandent un moratoire international.
Béatrice Catanese
{"type":"Banniere-Basse"}