A la rentrée, “Le Dessous des cartes” revient avec une formule légèrement modifiée. Au commentaire, la journaliste Emilie Aubry, qui succède au créateur historique de l’émission culte d’Arte, Jean-Christophe Victor, décédé en décembre.
Un globe terrestre qui tourne et toujours cette petite musique aux sonorités orientales. Pourtant, le 7 janvier 2017, ce n’est pas le visage de Jean-Christophe Victor qui apparaît après le générique du Dessous des cartes, mais celui d’Emilie Aubry. “Arte a perdu, le 28 décembre dernier, un compagnon de route précieux”, débute sobrement la journaliste.
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A 69 ans, Jean-Christophe Victor vient d’être emporté par une crise cardiaque. Fils de l’illustre explorateur Paul-Emile Victor, il laisse derrière lui une émission devenue culte pour toute une génération, diffusée sur La Sept (de 1990 à 1992) puis sur Arte.
Malgré l’émotion de sa disparition, la direction de la chaîne décide de lui trouver un successeur, portée par la volonté jamais ébranlée de cet éternel voyageur de raconter le plus simplement possible la complexité du monde. Encore faut-il, pour cela, lui trouver le remplaçant idoine.
“Je n’ai pas hésité longtemps”
Le suspense n’a pas duré longtemps. “La direction de la chaîne m’a d’abord confié la préparation d’une émission pour rendre hommage au travail de Jean-Christophe, raconte Emilie Aubry devant un thé vert encore fumant. Ils voulaient qu’elle soit incarnée par quelqu’un de la chaîne et ils se sont vite dit que ça pouvait avoir du sens que ce soit moi.”
Emilie Aubry, 42 ans, n’est en effet pas une inconnue des grilles de programme d’Arte. Depuis 2012, cette journaliste curieuse travaille sur la chaîne, collée à l’actualité tout en étant soucieuse de se détacher des diktats du hard news – elle fuit les chaînes d’info en continu. Après cette émission hommage réussie – “on a eu l’impression de ne pas avoir commis de fausses notes” –, plusieurs semaines s’écoulent. Puis la décision tombe au printemps : Arte propose à Emilie de reprendre officiellement le poste de présentatrice du Dessous des cartes.
“Je n’ai pas hésité longtemps”, explique-t-elle tout en nuançant : “J’ai d’abord eu peur de me mettre dans les pas de Jean-Christophe.” La direction sait alors trouver les mots pour la convaincre. Comme dans Thema, charge à elle d’“attraper” les gens par ce qu’ils connaissent pour les entraîner vers ce qu’ils ne connaissent pas. “J’ai assumé d’être ce que je suis : pas une chercheuse, pas une géographe, mais une journaliste qui traite de géopolitique depuis déjà pas mal de temps.“
Partir d’une “photo du réel”
S’il n’y a pas de révolution à attendre sur le principe – traiter un sujet de géopolitique par le biais de cartes géographiques –, sa nouvelle présentatrice assume certains changements, comme celui de partir systématiquement d’une “photo du réel”. Les principaux ingrédients de l’émission restent présents : les équipes du Lépac (un laboratoire de recherche appliquée en géopolitique, relations internationales et prospective) et les réalisateurs de l’émission rempilent bien entendu. Le plateau subira un léger lifting et l’émission utilisera plus d’images satellites en HD.
Six émissions sont déjà au programme, parmi lesquelles une passionnante étude des relations entre ces deux mastodontes géopolitiques que sont la Chine et la Russie ou une analyse de Boko Haram. Il n’y a alors plus qu’à écouter Emilie vous parler, sans notes, du Baluchistan et de ses enjeux politiques et commerciaux pour être sûr d’une chose : la succession est réussie.
Outre Le Dessous des cartes, celle qui a débuté comme journaliste politique sur LCP en 2001 récupère à la rentrée la case dominicale du 11-12 h sur France Culture, en remplacement du programme L’Esprit public de Philippe Meyer.
Le Dessous des cartes Tous les samedis, 19 h 30, Arte
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