Le 25 décembre 2017, un pénis rose géant était peint sur les murs d’un immeuble à New York. Les habitant du quartier, choqués pour la plupart, ont demandé son effacement immédiat.
C’est un genre de sapin un peu différent que les habitants de Broome Street ont découvert en sortant de chez eux le 25 décembre au matin : un phallus géant et rose pétard se tenait dressé sur le mur d’un immeuble de la rue du Lower East Side new-yorkais. Alors que l’œuvre de l’artiste suédoise Carolina Falkholt – soutenue par le collectif The New Allen – devait soulever des questions sur le genre et la sexualité, elle a plutôt suscité une foule de de revendications contre la verge kitsch de la plasticienne. Ainsi, suite aux plaintes répétées du voisinage – à part quelques résidents amusés se souvenant des travaux de Jean-Michel Basquiat, Keith Haring ou Richard Hambleton longtemps présents dans le quartier – le pénis chamarré a été effacé en trois jours à peine par la mairie de New York.
https://www.instagram.com/p/BdGdPRnFmOJ/?taken-by=carolinafalkholt
Ci-dessus, le travail de Carolina Falkholt, légendé : “Je n’ai jamais entendu autant de rires et vu tant de visages amusés qu’en peignant ce mur à Broome Street »
Le travail (et la verge) de la discorde
Carolina Falkholt n’en est pas à ses premiers essais quant à l’exposition de parties génitales en dimension 4×3 : la Suédoise représente très fréquemment des vagins et des femmes nues. Beaucoup de ses œuvres comprenant des parties génitales féminines sont d’ailleurs toujours intactes. Son œuvre entend dénoncer la violence de la honte, celle de son corps ou de sa sexualité, ce pour mettre fin à la normalisation de la violence psychologique et physique imposée aux corps aussi bien des adultes que des enfants.
Ainsi, quand elle érige son phallus XXL sur le mur du 303 Broome Street, Carolina Falkholt entend créer un dialogue avec un vagin peint quelques jours plus tôt dans le même quartier. “Pour paraphraser Judith Bernstein, si une queue peut aller dans une femme, elle peut bien aller sur un mur, annonce l’artiste. Beaucoup de mes fresques – celle-ci comprise – combattent la honte que l’on peut avoir de son corps ou de sa sexualité. On peut être une femme avec un pénis et un homme avec un vagin. Ou encore quelque chose d’autre – tout ce que l’on souhaite. C’est pour soi et pas pour la société que l’on décide de son genre.”
https://www.instagram.com/p/BdDdPU6lGPb/?taken-by=carolinafalkholt
Hypocrisie moderne ou bien-pensance pervertie?
Toutefois, les habitants du quartier ne l’ont pas entendu de la sorte et se sont ligués pour demander à la mairie de New York que la verge rose dressée sur le mur disparaisse. Sur la page Facebook du Lower East Side de Manhattan, les commentaires ont fleuri en défaveur de l’oeuvre de la suédoise : “C’est triste de voir ce qu’un artiste doit faire pour avoir de l’attention…” ; “de l’“art” sans tact, banal et vandale” ; “c’est une violation de l’espace public !” ; “cette étrangère immorale corrompt nos enfants et notre communauté avec son vice” ; “étrange que toute la presse compare ça à de l’ART”. La liste s’allonge indéfiniment, un administrateur de la page a même dû fermer les commentaires de la publication originale. Les plaintes des riverains ont été entendues et satisfaites par les agents de la mairie de New York : la verge de la discorde a disparu dès le 28 décembre.
https://twitter.com/activistmommy1/status/946408431375863808
On notera que le vagin qui y faisait écho ainsi que les autres nus féminins de Carolina Falkholt n’ont pas été retirés des murs de la ville : le phallus fuchsia (d’une ampleur d’ailleurs moindre en terme de taille) n’a par contre pas survécu plus de trois jours. Le Guardian relaie les paroles d’une femme voisine du quartier de Broome Street : “Imaginez que quelqu’un peigne ou accroche ça sur votre maison sans votre permission, je ne pense pas que vous aimeriez. C’est quelque chose que l’on peut avoir chez soi, mais je ne pense pas que ce soit approprié dans la rue avec tous les enfants. Ça n’apprend rien à personne.”
Un tirade qui amène à réfléchir dans un contexte où les publicités comportant des femmes largement nues pour à peu près tous les produits possibles s’étalent en grand format dans les villes du monde, sous le regard des enfants et des parents consentants.