Paul Quinio, directeur adjoint de la rédaction de Libération, revient sur le changement de look du journal et les décisions éditoriales.
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La Une de ce matin casse les codes des quotidiens et les habitudes de Libé, en fractionnant les thèmes mis en avant. Vous ne ferez plus de Une avec une seule grande photo ?
La réputation de Libé, c’est la Une-affiche. Certaines sont historiques, le journal est connu pour ça. Celle de ce matin est l’un des modèles possibles, ce ne sera pas tous les jours comme ça. On s’adapte à la force de l’info. L’idée forte et la nouveauté est la présence de texte à la Une, qui correspond à la logique de la nouvelle formule : favoriser le long, le reportage, les grandes interviews, les enquêtes. Quand il faudra faire une Une-affiche, on en fera.
Votre Une ressemble à la page d’accueil d’un site web. C’est fait exprès ?
Quelqu’un m’a envoyé un SMS ce matin pour me dire : « super sauf la Une, un peu trop internet et on ne peut pas cliquer dessus. » On ne l’a pas fait consciemment. Il y a sûrement un truc mais ce n’est pas l’idée. Ce qu’on cherché, c’était la rupture.
Vos pages « Expressos » composées de petits billets et d’actu courtes, c’est une réaction à l’info en continu ? Vous traiterez l’inédit en longueur et l’actu de tous les jours plus rapidement ?
Un quotidien ne peut plus se contenter de raconter l’actu de la veille. Les accros de l’info seront allés pendant la journée sur des sites, auront écouté France info, auront éventuellement regardé des chaînes d’actu en continu à la télé. Il faut qu’il y ait de la plus-value, d’où les chapitres développés sur deux pages. Après, un quotidien c’est un objet, avec un certain rythme de lecture. On ne pourrait pas imaginer que des doubles pages avec des papiers de sept feuillets. Les « expressos » ont vocation à traiter les sujets moins importants et des petits modules. Quand on lit un journal on aime lire du long, mais aussi s’arrêter sur des petites choses, un petit graphique… une histoire rigolote, un confidentiel. On est plus dans le papillonnage, mais ce on ne veut pas que ce soient des pages de desk et de simple réécriture des dépêches. Le plus possible, il faut que ce soit des choses à nous.
Vous parlez de plus-value, de valeur ajoutée… Mais par rapport à quoi ? Internet, les gratuits, les autres quotidiens ?
Ce n’est pas un problème de concurrence. L’enjeu porte sur les modes de traitement : des papiers d’angles, etc, en restant d’actu. Les gens sont submergés d’infos, il y a des tas d’émetteurs différents. On s’interroge sur le rôle d’un quotidien, sur le modèle économique et sur notre fonction. On se dit que le lecteur d’un quotidien national demande à ce qu’on décrypte, qu’on lui explique, qu’on analyse, qu’on ait des points de vue.
« L’info est un combat », une formule que Libé a mise en avant dans la préparation de sa nouvelle formule : qu’est-ce que ça veut dire ?
Ca veut dire que l’info est compliquée, que le journal doit s’engager en choisissant des angles, des modes de traitement. Etre plus percutant. Assumer des choix et des hiérarchies. Aller chercher des infos. On l’a vu cet été : quand on sort un scoop sur la BNP, on est au cœur de l’actu et on fait notre boulot, on parle d’un problème de société. Ca reste le vrai moteur.
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